BUJUMBURA, 23 août (ABP) – Les jeunes africains gagneraient à “avoir confiance en eux-mêmes” pour tirer profit des “nombreuses” potentialités de l’Afrique, a plaidé mercredi le 22 août 2018, à Bujumbura M. Sylvestre Ntibantunganya (photo), ancien président de la République du Burundi.

Ntibantunganya tenait un point de presse après avoir présenté, dans une conférence internationale sur le rôle de la jeunesse africaine dans la consolidation de la paix en Afrique, co-organisée par deux ONG internationales, à savoir American Friends Services Committee (AFSC) et Norwegian Church Aids (NCA), sous le thème: “les jeunes comme artisans de paix : renforcer les capacités des ambassadeurs de paix”.

Ces assises regroupent des jeunes africains ressortissants de 11 pays, à savoir le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, le Kenya, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud, l’Ethiopie, la Sierra Leone, le Zimbabwe et la République démocratique du Congo (RDC).

En effet, a précisé M. Ntibantunganya, au regard des richesses minières et des réserves forestières dont l’Afrique est dotée, et du dynamisme de la population africaine, les jeunes africains doivent comprendre l’Afrique comme un continent de l’avenir grâce aux “nombreuses” potentialités qu’elle renferme aujourd’hui. Pour lui, les jeunes africains doivent se projeter dans l’avenir en s’inspirant particulièrement des acquis de “l’extraordinaire ascension” de la Chine en matière de croissance économique au cours de ces quatre dernières décennies. Sur ce, il a évoqué le livre intitulé “Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera” publié en 1973 par l’écrivain Alain Peyrefitte aux éditions Fayard.

“On relève ainsi que la Chine est éveillée depuis une quarantaine d’années, et le monde tremble car la Chine est devenue, aujourd’hui, une puissance respectée dans les stratégies économiques, dans les diplomaties internationales et dans les stratégies militaires. La Chine en est arrivée à une telle ascension parce qu’elle a su comment s’organiser en sortant des graves crises qu’elle avait connues avant les années 1950. Et aujourd’hui, en termes de prospective, d’aucuns voient l’Afrique dans le même rôle que la Chine aujourd’hui, d’ici une cinquantaine d’années au plus”, a affirmé l’ancien chef d’Etat burundais.

De ce fait, il a appelé les jeunes africains à s’y préparer en créant “une interafricaine des jeunes” pour l’Afrique des années 2050-2100. A ses yeux, un tel élan juvénile pourrait donner, au niveau continental, un coup d’accélérateur à la bonne gestion du “douloureux passé africain” par les jeunes africains pour bien se projeter dans l’avenir. La nouvelle dynamique observée aujourd’hui au niveau de l’organisation de certains pays africains avec de “bonnes performances” au niveau du processus de leur développement socio-économique est pour l’attester, a-t-il insisté.

Dans ces pays africains en train d’émerger, il a cité l’Afrique du Sud qui fait partie aujourd’hui du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Cependant, a-t-il fait remarquer, la jeunesse burundaise fait encore face dans le processus de résolution des défis.

“En effet, les jeunes burundais doivent traverser rapidement les méfiances qui ont marqué leur pays depuis plusieurs années pour mieux se projeter dans l’avenir et mieux s’inscrire dans cette dynamique africaine en train d’émerger”, a-t-il recommandé. Il a fait remarquer qu’à ce jour, on commence à déceler chez les jeunes burundais des “réflexes d’espoir” dans le sens de se défaire des anciennes “manipulations politiques” qui les avaient embrigadés depuis longtemps. Au cours des trois dernières années, a-t-il expliqué, les jeunes burundais ont déjà marqué d’importants progrès dans le processus de réconciliation nationale.

“Aujourd’hui, le gros défi à relever consiste à ce que les jeunes burundais parviennent à convaincre leurs parents à se libérer de leur passé tragique, en affrontant de face les épines qui parsèment la problématique de réconciliation à travers une obstination pour la recherche de la vérité sur les crises cycliques sanglantes qui ont jalonné les cinq décennies de l’histoire du Burundi post-indépendant”, a-t-il ajouté.

Signalons que la Commission pour la vérité et la réconciliation du Burundi (CVR), créée en mai 2014 et opérationnelle depuis décembre de la même année, est chargée notamment d’établir la lumière sur les “violations graves des droits de l’homme” enregistrées au Burundi pendant une période de 46 ans, soit depuis le 1er juillet 1962 jusqu’au 4 décembre 2008.

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