BUJUMBURA, 29 août (ABP) – 39 membres du Sénat burundais (photo : le bureau du sénat) ont voté mardi le 28 août 2018, à l’unanimité, une résolution “contre la résolution du Parlement européen du 5 juillet 2018 sur le Burundi” en déplorant que cette dernière “fait fi des avancées significatives” déjà enregistrées au cours des trois dernières années dans le pays en matière de consolidation de la paix et de la sécurité, a constaté l’ABP sur place.
Le 5 juillet dernier, les parlementaires européens ont voté une résolution sur le Burundi dans laquelle ils ont marqué que les modifications constitutionnelles votées lors du référendum constitutionnel burundais du 17 mai 2018 “mettent en péril certains acquis” de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi (AAPRB) du 28 août 2000 dans une perspective de “revoir les quotas” ad hoc, dans le cadre du partage du pouvoir entre les composantes ethnico-politiques du pays.
Ce pacte de paix ainsi conclu par les protagonistes burundais d’alors était perçu comme une ultime réponse aux défis politiques posés par une guerre civile déclenchée le 21 octobre 1993 par l’assassinat du héros de la démocratie et premier président burundais démocratiquement élu le 1er juin de la même année, M. Melchior Ndadaye.
En revanche, cette résolution du Sénat burundais a plutôt réaffirmé que la nouvelle constitution renferme des modifications respectant “l’esprit des équilibres politico-ethniques et du genre” contenus dans l’AAPRB. Elle a en outre salué “l’ambiance de quiétude” dans laquelle s’est déroulé le référendum constitutionnel du 17 mai dernier.
La chambre haute du parlement burundais, qui a noté “avec satisfaction l’évolution positive” de la situation politico-sociale et sécuritaire au Burundi au cours des trois dernières années, a relevé également “l’appréciation positive” du 9 août dernier à New-York sur la situation burundaise par l’émissaire spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour le Burundi, M. Michel Kafando.
Ainsi dans cette déclaration, le Sénat burundais a apprécié aussi le fait que M. Kafando, qui s’adressait aux membres du Conseil de sécurité des Nations Unies au cours d’un “briefing” sur l’évolution de la situation au Burundi, se soit félicité des “développements positifs déjà enregistrés” au Burundi depuis les perturbations survenues en 2015 à ce jour. De surcroît, la chambre basse du parlement burundais a en plus noté que M. Kafando s’est dit satisfait des “bons résultats atteints” par le processus politique d’adoption de la nouvelle constitution promulguée le 7 juin dernier par le chef de l’Etat burundais Pierre Nkurunziza, et en particulier l’annonce de sa décision de ne pas se représenter à la prochaine élection présidentielle de 2020.
Par ailleurs, cette résolution du Sénat burundais a apprécié la déclaration de la 72ème session du comité exécutif de l’Union parlementaire (UPA) organisée du 22 au 23 mai 2018 à Bujumbura et marquée par un appel “vibrant” adressé à l’Union européenne (UE) lui demandant la levée des “sanctions économiques injustement imposées” au Burundi.
Le 14 mars 2016, l’UE, invoquant la violation par le Burundi de l’article 96 de l’accord de partenariat de Cotonou conclu en 2000 entre les membres du groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et les Etats membres de la Communauté européenne, a annoncé la suspension de l’aide financière directe à l’administration burundaise, y compris les appuis budgétaires.
“Compte tenu de l’évolution positive de la situation politique, sociale et sécuritaire au Burundi vivement appréciée par les différents partenaires ayant déjà visité le pays, le Sénat du Burundi demande à l’UE de lever les sanctions prises contre l’administration burundaise et de reprendre normalement la coopération avec les institutions de la République du Burundi”, recommande en outre la résolution de la haute chambre du parlement bicaméral burundais.
Cette résolution sénatoriale rappelle qu’à la suite d’une “nette amélioration” de la situation politico-sociale et sécuritaire au Burundi depuis 2015 à ce jour, plus de 212.000 Burundais, dont certains leaders politiques réfugiés dans les pays voisins et dans certains pays occidentaux, ont déjà regagné “volontairement” le Burundi.