BUJUMBURA, 10 août (ABP) – La Banque de la République du Burundi (BRB) a organisé vendredi le 9 août 2019 à Bujumbura, une conférence débat ayant comme thème « La fuite des capitaux : une entrave pour le développement économique et social en Afrique ».

Léonce Ndikumana (photo), qui a fait une présentation sur l’ampleur du problème de la fuite des capitaux et ses causes économiques et institutionnelles a précisé que le terme « fuite des capitaux » fait référence à des fonds qui ont été enregistrés comme entrant dans un pays, mais dont l’utilisation ne peut pas être retracée dans les statistiques officielles. Il a ajouté que la fuite des capitaux se produit par divers moyens notamment le détournement de la dette publique et des recettes d’exportation, la contrebande de billets en devises, la surfacturation des importations, la sous-facturation des exportations et autres.

Ndikumana a montré aux participants que le continent africain perd plus de capital qu’il ne reçoit sous forme d’aide publique au développement ou d’investissement direct étranger. Il a également expliqué qu’en 2015, la fuite des capitaux accumulée, y compris les intérêts accrus, s’élevait à 1800 milliards de dollars. Cela dépasse largement les 497 milliards de dollars du stock de la dette extérieure des 30 pays pris dans un échantillon en 2015. Il a aussi indiqué qu’au lieu d’être financée par les pays riches, l’Afrique finance le reste du monde.

Malheureusement, poursuit-il, alors que ces sommes accumulées à l’étranger appartiennent aux élites politiques et économiques africaines, les emprunts qui ont financé la fuite des capitaux sont publics et reposent sur les épaules de la population africaine. Il a évoqué l’argument de dettes odieuses pour contester la légitimité des emprunts extérieurs qui ont financé la fuite des capitaux dans le sens où elles n’ont pas été utilisées au profit du développement et pris sans le consentement de la population.

S’agissant des déterminants de la fuite des capitaux, M. Ndikumana a cité la mauvaise gouvernance économique, la mauvaise gestion des ressources naturelles et/ou de la dette extérieure, le secret bancaire et les paradis fiscaux. Selon M. Ndikumana, la meilleure stratégie consisterait à renforcer la capacité de détection des détournements de fonds et de la fraude et à augmenter les peines pour les crimes financiers, afin de décourager la fuite des capitaux.

A la clôture des activités, le gouverneur de la BRB, M. Jean Ciza a rappelé que la fuite des capitaux affecte négativement l’accumulation du capital et accroît la pauvreté, d’où un panel de haut niveau a été créé pour essayer d’éveiller les hautes autorités des pays, afin qu’elles soient conscientes de ce fléau. Il a par la suite remercié le conférencier en lui donnant le certificat de reconnaissance pour le développement d’un thème  aussi important et la qualité des présentations.

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