BUJUMBURA, 14 jan (ABP) – La Commission vérité et réconciliation (CVR), a organisé une “journée porte ouverte”, en commune Ntahangwa zone Kamenge pour montrer les résultats de l’exhumation des ossements humains trouvés dans des fosses communes de l’ex marché de Kamenge.
Selon le vice-président de la CVR, M. Noah Clément Ninziza (photo : devant les micros), après un mois d’exhumation la CVR a pu découvrir des restes humains estimés entre 250 et 270 personnes.
Il a signalé qu’à côté de ces restes il y avait également beaucoup d’effets personnels comme des habits, des montres et des cartes d’identités
Ninziza a précisé que ces personnes y ont été enterrées entre 1993 et 1995, au cœur des années de crise “quand il y avait des affrontements”. Pour lui, ces restes humains sont ceux des personnes qui y ont été enterrées hâtivement ou entreposées au cours de la guerre sans qu’elles soient enterrées avec honneur.
A la question de savoir si la CVR va faire le tri entre les personnes qui ont été emportées par la crise et celles qui auront été emportées par la mort naturelle, M. Ninziza a répondu par la négative insistant qu’il n’y aura pas de “différence car tout le monde a été enterré dans un endroit qui n’est pas reconnu par la loi ».
Il a informé que “ces restes humains et matériels vont être gardés dans un container pendant un certain temps et que la CVR va s’entretenir avec la population locale et l’administration afin d’organiser un enterrement digne”.
Au sujet de la date à laquelle la CVR envisage d’informer la population sur les responsables de tous ces crimes, M. Ninziza a appelé la population à la patience, indiquant qu’en cas de pareilles exhumations, la CVR se concentre sur les localités environnantes pour mener des enquêtes plus approfondies.
Il a tenu à informer qu’après 3 ans, la CVR va sortir un rapport sur des enquêtes menées, avec des noms de personnes qui auront été citées comme responsables des exactions et crimes commises dans le pays.
Il a insisté en indiquant que des enquêtes doivent être menées avec beaucoup de prudence et d’objectivité car des crimes ont été commis dans différents espaces et dans des périodes différentes.
“Des enquêtes ne doivent pas être bouclées dans la précipitation mais nous devons les mener très bien et donner les conclusions quand il sera temps comme le règlement le stipule”, a-t-il martelé.
Cette “journée porte ouverte”, où étaient exposés au public des ossements humains des habits et autres effets personnels, ainsi que des photos souvenirs, a vu la participation des habitants de la zone Kamenge.
Une unité d’aide psychologique était sur place pour accompagner ceux qui pourraient avoir des traumatismes car ils auront reconnu les leurs à travers ces habits et effets personnels.
Les habitants de Kamenge ont demandé pour la plupart que justice soit rendue afin que les responsables de ces crimes soient connus et jugés.
D’autres ont appelé à la conscience de chaque Burundais afin que pareils actes ne se reproduise plus, et à la jeunesse d’être vigilante pour ne pas tomber dans le piège des politiciens qui appellent à la vigilance.
D’autres encore attirent l’attention des hommes politiques, pour que la population burundaise ne soit plus plongée dans un deuil pareil.