BUJUMBURA, 30 août (ABP) – La présidente de la Cour d’Appel de Bujumbura mairie, Mme Nadine Nsabimana (photo), a appelé vendredi le 30 août 2019 les bâtonniers à assurer l’encadrement des avocats et, le cas échéant, à appliquer des sanctions disciplinaires aux avocats qui manifestent des écarts de comportements.
Mme Nsabimana s’exprimait au cours des cérémonies marquant la rentrée judiciaire, édition 2019-2020, des avocats du barreau de Bujumbura, à la fin des vacances judiciaires du mois d’août 2019. Elle a également demandé aux bâtonniers de porter une carte professionnelle qui les distingue des autres usagers de la justice.
Elle a reproché à certains avocats de manifester des écarts de comportements. D’après elle, certains avocats confondent leur métier à celui des commissionnaires. D’autres ne respectent pas les consignes de travail des greffes ou ne font pas de diligences convenablement, laissant leurs clients déboussolés.
Elle a rappelé que le serment que prête l’avocat est le socle de la déontologie de son métier et régit les relations qu’il noue avec ses clients, ses confrères et ses consœurs, le conseil de l’ordre des avocats, les organismes professionnels et les institutions judiciaires. Elle a remercié les avocats qui manifestent un comportement digne et qui servent les justiciables convenablement et selon les règles de l’art.
Selon le bâtonnier du barreau de Bujumbura, Me Jean de Dieu Muhuzenge, l’ordre des avocats fait face à de nombreux défis liés à la situation socio-économique du Burundi. Des règles déontologiques sont violées par les avocats, a-t-il dit, en citant, entre autre, le crime de corruption. Il a conseillé les avocats trempés dans cette eau trouble et dangereuse à changer, renoncer et se repentir. Ceux qui n’ont pas encore trempé dans ce mal ont été appelés à ne jamais le faire pour l’intérêt de la justice.
“On trouvera des avocats qui sillonnent toujours les couloirs et bureaux des juges ayant pris leurs dossiers en délibéré ou qui vont y siéger, qui proposent des rendez-vous pour des pots de vins, qui sont devenus des avocats qui connaissent plus les juges que le droit. Certains avocats s’adonnent à la corruption ou jouent l’intermédiaire dans la corruption. Des juges appellent les avocats pour leur dire que leurs affaires ont été prises en délibéré et leur demandent d’aller les voir pour avoir une décision convenable. C’est difficile de reconnaître les avocats ou les magistrats corrompus parce qu’ils le font clandestinement. Bien que ceux qui sont trempés n’aient pas encore été démasqués, ils seront un jour découverts, et leurs mauvaises actions se retourneront contre eux”, a souligné Me Muhuzenge, en précisant que les avocats reconnus coupables de corruption sont radiés de la profession.
Les avocats présents à la rentrée judiciaire ont, de manière générale, dénoncé ce qui se déroule dans les cours et tribunaux. Certains disaient que les clients ou les juges entraient, des fois, les avocats dans la corruption.
Une avocate senior a indiqué qu’aucun justiciable ne lui a demandé, pendant sa carrière, de corrompre le juge. Elle a demandé à ses consœurs et confrères de balayer devant leurs portes avant d’accuser les juges ou les clients. Un autre avocat a déploré le fait que les clients préfèrent aujourd’hui les avocats qui connaissent les juges et non les avocats qui connaissent le droit. Il se demande ce qu’il faut faire pour changer la situation parce que, a-t-il souligné, la corruption est devenue un fléau.
Pendant le mois d’août réservé aux vacances judiciaires, il n’y a pas de procès au niveau des juridictions. Il est uniquement organisé des descentes sur terrain pour constat ou pour exécution des décisions judiciaires déjà rendues. Les avocats en profitent pour mieux organiser leur travail dans leur cabinet.