BUJUMBURA, 13 déc (ABP) – L’ombudsman burundais, M. Edouard Nduwimana (photo : au micro), a reçu conjointement ce jeudi 13 décembre 2018 trois personnalités, à savoir le président du Conseil national pour l’unité et le réconciliation, M. Guillaume Ruzoviyo (photo : à droite) ; le président de l’Observatoire national pour la prévention et l’éradication du génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, M. Jean de Dieu Mutabazi (photo : 2ème à partir de la gauche) ; et le représentant de la Commission vérité et réconciliation (photo : à gauche) pour échanger sur les missions qui leur sont confiées ainsi que sur les dossiers du pays, a déclaré l’ombudsman burundais, soulignant que leurs organes et conseils sont prévus par la Constitution.
Dans une interview accordée à la presse, M. Nduwimana a indiqué qu’ils se sont rencontrés pour voir ensemble leurs différentes missions parce que, a-t-il dit, même s’ils sont régis par des lois différentes avec des missions différentes, ils convergent sur pas mal de missions. Il a cité notamment les missions de paix, de réconciliation, de médiation entre l’administration publique et les citoyens, celles de lutte contre l’impunité, de protection des droits de l’homme, etc.
L’ombudsman burundais a déclaré qu’au cours de l’entretien, ils ont fait le tour d’horizon des différents dossiers qui sont aujourd’hui portés au public et qui sont commentés par l’opinion nationale et internationale. Il a évoqué le dossier en rapport avec les mandats d’arrêt lancés contre les présumés auteurs de l’assassinat du président de la République démocratiquement élu, M. Melchior Ndadaye. D’après M. Nduwimana, ils convergent sur ce dossier et encouragent la justice burundaise pour mener les enquêtes et traduire devant les juridictions les auteurs, les coauteurs et les complices de cet assassinat ignoble. Que personne n’invoque son ethnie ou sa province parce que le crime qui a été commis est qualifié d’horrible et n’a pas été commis au nom d’une ethnie, a souligné l’ombudsman burundais. A ce sujet, l’ombudsman Nduwimana tranquillise les esprits des uns et des autres car, a-t-il expliqué, dans un Etat de droit, tant que la justice ne fonctionne pas, on ne peut pas parler de paix ni de réconciliation.
La question en rapport avec le dialogue inter-burundais a été également abordée, d’après M. Nduwimana, qui a précisé que leurs institutions et organes de régulation et de renforcement de la paix et de la cohésion sociale ont été dépouillés de leurs missions. Les missions de réconciliation et de dialogue sont confiées à leurs institutions, a-t-il estimé. Mais, ils ont déploré le fait que chaque fois qu’il se pose un conflit, il est déjà porté à la communauté internationale ou à la communauté sous régionale. Ils encouragent la communauté internationale à les appuyer mais demandent que les dossiers de dialogue, de réconciliation et de paix soient confiés à leurs institutions qui sont à la hauteur et qui sont prévues par la Constitution burundaise.
S’agissant du dialogue inter-burudais, M. Nduwimana a fait savoir qu’ils remercient le facilitateur Benjamin Mukapa pour ses efforts, mais ils regrettent la marche en arrière qui a été observée au sujet du rapport que ce dernier vient de transmettre au sommet des chefs d’Etat. Le 4ème round avait bien dégagé les divergences et les convergences en ce qui concerne le dialogue inter-burundais, a dit l’ombudsman burundais, expliquant que c’est d’ailleurs ce qui a motivé le gouvernement burundais à réunir les acteurs politiques pour produire une feuille de route qui va amener les Burundais aux élections de 2020. Il a fait savoir qu’ils sont contre le 5ème round car, a-t-il souligné, le facilitateur a écouté une seule partie alors que le dialogue implique la présence de plusieurs parties. Le gouvernement n’a pas pu répondre à ce round pour des raisons qu’il a évoquées. Donc, a-t-il signifié, tant que ce round n’a pas pu réunir les deux parties, on ne peut pas cautionner ses résultats.
Ces personnalités demandent que tout ce qui doit se formuler comme feuille de route se conforme aux conclusions du 4ème round et de la feuille de route qui a été proposée par le gouvernement, a déclaré l’ombudsman burundais.
Quant à la correspondance à travers laquelle le président ougandais Yoweli Museveni demande au chef de l’Etat burundais de participer à un dialogue entre le gouvernement et l’opposition à Arusha, l’ombudsman Nduwimana a indiqué qu’ensemble avec ces personnalités, ils ont fait un bref commentaire. Il a fait savoir qu’ils ont déploré le fait qu’il y ait ce jeu de tic-tac de correspondances entre les chefs d’Etat alors qu’ils ont d’autres canaux de communication qui peuvent être mieux exploités que les correspondances sous forme d’injonctions pour les uns, de conseils inhabituels pour les autres.
Selon toujours M. Nduwimana, ils ont également constaté que le contenu de la correspondance veut indiquer au gouvernement burundais avec qui il doit dialoguer. Le gouvernement burundais sait avec qui il a des difficultés, a-t-il dit, précisant qu’il n’appartient pas au président ougandais de désigner ceux avec qui le gouvernement burundais doit s’asseoir pour dialoguer.
Ils recommandent au gouvernement de s’asseoir avec quiconque veut promouvoir la paix au Burundi. Néanmoins, a-t-il notifié, on ne peut pas conseiller le gouvernement de s’asseoir avec des gens qui sont présumés auteurs des cas de massacres, d’assassinats, de coup d’Etat et de crimes, sous peine d’asseoir l’impunité au pays.
Par contre, a-t-il poursuivi, ils demandent à ceux qui sont poursuivis par la justice de bien vouloir répondre à la justice. Ils demandent également au gouvernement de tout faire pour que la justice puisse travailler de façon impartiale afin que la vérité soit dégagée et qu’il y ait une vérité qui va dans le sens de renforcer la paix et la sécurité dans le pays.