BUJUMBURA, 7 déc (ABP) – Le président de la République du Burundi, M. Pierre Nkurunziza (photo : 2ème à partir de la gauche), a procédé jeudi à l’ouverture solennelle à Bujumbura, des travaux de la 10ème session du Forum des parlements des pays membres de la Conférence internationale de la région des Grands-Lacs (FP-CIRGL). Il a saisi cette occasion pour souligner qu’une telle rencontre est une opportunité de jauger l’état d’engagement des pays membres et de mettre en œuvre leurs engagements au sein de la CIRGL, en matière de paix et de sécurité, par des actions concrètes.
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Malheureusement, a-t-il dit, il y a lieu de constater avec amertume que ces efforts ne sont pas récompensés à leur juste valeur. A ce sujet, M. Nkurunziza a soulevé que sur le plan de la sécurité, le Burundi a été répétitivement victime d’agressions armées depuis 2015, d’agressions des groupes en provenances du Rwanda et de la République démocratique du Congo (RDC), sponsorisés, formés et équipés par le Rwanda. De toutes les agressions subies émanant du Rwanda, a précisé M. Nkurunziza, la plus récente et lourde de conséquences a été perpétrée dans la nuit du 16 au 17 novembre à Mabayi en province Cibitoke (nord-ouest). Il a ainsi saisi cette opportunité pour condamner, avec une grande fermeté, cette attaque perpétrée en grande violation du droit international. Malgré cette attaque et une série d’actes de guerre posés par le Rwanda, le président de la République du Burundi indiqué que “la sécurité intérieure est stable, malgré ces agressions”.
Sur le plan juridique, M. Nkurunziza, a informé que des performances sont matérialisées par des indicateurs politiques, juridiques, sécuritaires, la liberté d’expression, les droits de l’homme et de développement. Aussi, le Burundi s’est doté d’un cadre permettant ses juridictions de juger les crimes de guerres, contre l’humanité et de génocide. Sur le plan économique, il a indiqué que le pays s’est doté d’un Programme national de développement 2018-2027, interpellant les pays de la CIRGL de l’accompagner pour sa mise en œuvre. Sur le plan politique, M. Nkurunziza a relevé qu’un cadre de dialogue des partis politiques a été agréé, dont les décisions ont abouti à l’adoption de la Constitution de 2018, en s’inspirant des accords visant la consolidation de la paix et de la sécurité.
Nkurunziza n’a pas oublié de mentionner l’apport du Burundi dans le cadre de la consolidation de la sécurité et de la paix dans la région, en faisant partie des missions de maintien de la paix en Somalie et en République Centrafricaine. Pour la préparation du Burundi aux élections de 2020, il a noté le retour des réfugiés depuis la RDC, le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie, tout en sollicitant ces pays et le HCR à encourager ces réfugiés au retour chez eux. C’est la première fois que la population burundaise contribue à elle seule, à l’organisation de ces élections, sans aide étrangère, a ajouté le président Nkurunziza.
Malgré ses efforts pour stabiliser le pays et améliorer la vie des citoyens, a poursuivi M. Nkurunziza, le Burundi est victime de l’ingérence étrangère des organisations qui œuvrent pour le compte de certaines puissances ainsi que des médias de la haine qui propagent des rumeurs contre notre pays. Il a lancé un appel à la CIRGL et à toutes les organisations internationales et régionales concernées par la sécurité de “jouer pleinement leur rôle en matière de respect de la mise en œuvre des conventions régionales et internationales relatives à la paix et la sécurité”. Il a espéré que ” la coopération préviendra les actes d’agressions semblables à celles que le Burundi vient de connaître, c’est même la raison d’être de cette rencontre”.
Le président de la République n’a pas manqué de réitérer sa “détermination d’honorer les engagements pris par le Burundi en matière de paix et de sécurité pour la prévention des conflits locaux, régionaux et internationaux”.
Que ce soit le secrétaire général de la CIRGL, M. Onyango Kakoba ou le secrétaire exécutif, M. Zacharie Mugwingwita, tous ont soulevé que des avancées ont été réalisées pour œuvrer en faveur de l’objectif assigné à la CIRGL, en matière de la consolidation de la paix et de la sécurité. Cependant, ils ont noté que des défis politiques, sécuritaires économiques restent à lever pour parvenir à cet objectif.
Le président en exercice de ce forum et président de l’Assemblée nationale du Congo, M. Isidore Mvouba a quant à lui précisé que le thème de cette 10ème session est : ” la coopération pour la prévention des conflits”. ” La coopération internationale gagnerait à traiter en amont les causes profondes des conflits, afin d’éviter que les conflits sous-jacents dégénèrent en conflits ouverts”, a-t-il soulevé. Il a fait remarquer que le rôle des femmes dans la prévention des conflits est à tenir en compte, car elles “doivent être impliquées davantage dans la résolution des conflits”, étant donné qu’elles sont les conseillères des hommes et les premières victimes en cas de conflits.
Mvouba a informé que de façon générale la “situation sécuritaire, politique et humanitaire dans la région des Grands Lacs est quelque peu stable, malgré la persistance des points de tension”. Il a tenu à condamner “avec fermeté l’action des groupes armées qui privent les populations de leur tranquillité d’esprit”. Il a appelé la communauté internationale “à reconsidérer sa position par rapport à certaines de leurs résolutions à l’endroit de quelques pays membres qui constituent une entrave à la paix”.
De son côté, le président de l’Assemblée nationale du Burundi, M. Pascal Nyabenda a affirmé que “les peuples de nos pays aspirent à une meilleure région des Grands-Lacs, dans laquelle le dialogue a le dessus sur la confrontation”. Aux parlementaires artisans de la législation, il a interpellé à être convaincus de cela. Il a enfin exprimé son vœu pour que les délibérations de cette session « permettent l’émergence démocratique et l’interaction des opinions divergentes et contradictoires ».