BUJUBURA, 26 nov (ABP) – Les jeunes Burundais diplômés des universités commencent peu à peu à s’ouvrir à l’entrepreneuriat et à la création de l’emploi, constate-t-on.
Mlle Hervine Ishimwe (24 ans) en est l’exemple. Cette dernière a fait l’électricité à l’Ecole normale supérieure (ENS), et une année de chômage l’a poussée à réfléchir et découvrir un métier d’enfance, le tissage.
« Une année de chômage m’a suffi pour vite remarquer que mon diplôme de baccalauréat en électricité ne peut, en aucun cas, m’aider à réaliser mes rêves. Après une longue réflexion, j’ai pu découvrir un métier d’enfance à revaloriser », a-t-elle confié à l’ABP dans un entretien au cours de la semaine mondiale dédiée à l’Entrepreneuriat.Ainsi, Melle Ishimwe s’est décidée de partir d’un métier d’enfance pour implanter sa petite entreprise qu’elle a baptisée « Fashion Ikidede ».
Ainsi, elle a débuté avec un capital de 60.000 FBu qui, actuellement, s’est multiplié par 10, a-t-elle affirmé. Elle a déjà engagé six personnes, payées mensuellement et conformément au travail réalisé. Ces personnes s’occupent du ponçage et réassemblage des talons pour les sandales, au moment où Mlle Ishimwe s’occupe du tissage et d’autres travaux liés à l’entreprise, dont la livraison.
Par ce tissage, elle produit des habits des enfants, voire même des adultes. Elle fabrique également d’autres objets de beauté obtenus à partir des « ibidede ». Elle est, jusqu’à présent, en possession de deux machines, l’une à poncer et l’autre à coudre.
« Maintenant, l’Etat se trouve dans l’incapacité de trouver de l’emploi pour les jeunes qui sortent des universités. Il revient à nous, les jeunes, de tourner la page et penser à créer nos propres emplois, c’est encore possible », a-t-elle lancé.
Pour concrétiser son rêve Melle Ishimwe a repris le chemin académique. « Après avoir réalisé qu’avec mon premier diplôme, je ne peux pas arriver très loin, j’ai dû reprendre le chemin de l’école », a-t-elle confié. Elle étudie actuellement à l’Université du Lac Tanganyika où elle fait le marketing et management. Elle se dit confiante qu’à la fin de cette formation académique, elle sera outillée en matière entrepreneuriale, ce qui lui permettra, selon elle, d’étendre son entreprise qui est pour le moment en gestation.
Toutefois, a-t-elle fait savoir, le parcours de l’entrepreneuriat qu’elle a décidé de poursuivre n’est pas sans obstacles. Il est émaillé de défis à relever, notamment l’accès difficile aux matières premières qui doivent être importés des pays voisins comme le Kenya et l’Ouganda à des prix exorbitants, la mentalité de la population qui se montre indifférente vis-à-vis des produits locaux tout en s’intéressant aux autres venus de l’extérieur.
En tant qu’une jeune entrepreneure qui se recherche, Mlle Ishimwe et d’autres jeunes diplômés estiment que la question en rapport avec la création de l’emploi demande le soutien du gouvernement et toute autre personne ou organisation, sans toutefois oublier les partenaires et les amis du Burundi.
Elle fait un clin d’œil aux jeunes finalistes des universités tant publiques que privées qui restent les bras croisés attendant, des mains de l’Etat, de l’emploi. « Notre meilleur destin se trouve dans nos propres mains. Il appartient à nous d’exploiter et extérioriser nos potentialités qui restent toujours cachés en nous », a-t-elle fait remarquer. Elle déplore, cependant, l’absence d’un réseau d’entrepreneurs burundais. Cela fait que chaque entrepreneur travaille indépendamment sans toutefois savoir la réalité sous d’autres cieux. Elle souhaite ainsi la mise en place de ce réseau.
La semaine mondiale de l’entrepreneuriat a été lancée mardi le 13 novembre 2018, à Bujumbura, par les autorités burundaises, rappelle-t-on. Elle s’étendait du 12 au 16 novembre 2018 sous le thème « l’accès au financement ».