BUJUMBURA, 12 sept (ABP) – Le gouvernement du Burundi vient de déclarer « persona non grata » les trois membres de la Commission d’enquête sur le Burundi, à savoir M. Doudou Diène de nationalité sénégalaise, Mme Lucy Asuagbor de nationalité camerounaise et Mme Françoise Hampson de nationalité britannique.
Cette décision a été annoncée par le ministre burundais en charge des Affaires étrangères, l’ambassadeur Ezéchiel Nibigira (photo), à travers sa correspondance référencée 204.01/999/MAE/2018 datée du 11septembre 2018.
A travers cette correspondance, le ministre Nibigira informe les intéressés que le gouvernement de la République du Burundi a pris connaissance, avec déception et regret, du contenu du « rapport diffamatoire mensonger » que ces derniers ont rendu public le 5 septembre 2018 au palais des Nations Unies à Genève et suivi d’une sortie médiatique.
Le Burundi, précise la correspondance, ignore les visées et le non-dit derrière « ce rapport qui est contraire à la réalité du pays ».
La Commission d’enquête sur le Burundi a été créée par le Conseil des droits de l’homme dans sa résolution 33/24 adoptée le 30 septembre 2016 afin de mener une enquête approfondie sur les violations des droits de l’homme et les atteintes à ceux-ci, commises depuis le mois d’avril 2015 au Burundi. La Commission devait aussi déterminer si certaines d’entre eux constituent des crimes de droit international, d’identifier les auteurs présumés de ces actes et de formuler des recommandations pour que ces derniers « aient à en répondre ».
Le mandat de la Commission a été prolongé tel quel pour une durée d’un an par le Conseil dans sa résolution 36/19, adoptée le 29 septembre 2017.
Ainsi, le 1er février 2018, Doudou Diène, qui vient d’être déclaré persona non grata, a été nommé président de la Commission, en remplacement de Fatsah Ouguergouz, démissionnaire. Le 5 mars 2018, Lucy Asuagbor a été nommée membre de la Commission à la place de Reine Alapini Gansou élue à la Cour pénale internationale alors que Françoise Hampson est membre de cette Commission depuis sa création.
Pour rappel, le rapport de cette Commission a déjà été condamné par plusieurs institutions de la République du Burundi, entre autres le gouvernement, le parlement et la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH).