BUJUMBURA, 30 jan (ABP) – Les membres de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) ont tenu ce mercredi le 30 janvier 2019 à Bujumbura, une réunion d’information des partenaires internationaux en vue de les sensibiliser sur les missions de la CVR et la loi régissant ladite commission, mais aussi pour leur demander un appui multiforme.
Dans son discours de circonstance, le président de la CVR, M. Pierre-Claver Ndayicariye (photo : au milieu), a indiqué que depuis l’accession du Burundi à l’indépendance, les Burundais ont fait face à des crises socio-politiques, les unes plus meurtrières que les autres.
La CVR, appuyée par les Burundais, est donc appelée à conduire un chantier social important et délicat de guérison des cœurs et de rétablissement de la dignité des victimes, un chantier, selon M. Ndayicariye, de reconnaissance et de valorisation de ceux qui ont protégé les autres pendant les différentes crises et qui, chaque jour, cimentent lentement les chemins de la réconciliation.
Le président de la CVR a rappelé que dans le rapport remis au parlement en septembre 2018 par la CVR sortante, les prédécesseurs ont pu recueillir dans tout le pays, auprès de 70.000 déposants, des informations intéressantes sur les principales violations de droits humains commises lors des crises qui ont secoué le pays. Il a en outre ajouté que la CVR a déjà collecté des informations concernant plus de 4.000 fosses communes éparpillées dans tout le pays.
Consciente de l’ampleur de la tâche et de l’étendue de ses missions, la CVR demande aux partenaires internationaux qui le souhaitent et qui le peuvent un appui multiforme, a déclaré M. Ndayicariye. Selon ce dernier, il faut un soutien politique et diplomatique au processus de vérité et de réconciliation engagé au Burundi. Il faut aussi un soutien dans sa mission de rétablir les victimes dans leur dignité et leurs droits ainsi qu’un soutien technique et financier à la CVR, dont la mission principale est la vérité au service de la réconciliation nationale.
D’après toujours le président de la CVR, les victimes burundaises des tragédies passées font partie de l’humanité. Les partenaires de la communauté internationale sont alors invités à aider cette humanité, à travers la CVR, a déclaré M. Ndayicariye. Il a également demandé aux pays et organisations liés au Burundi par des relations historiques et anciennes de coopération, de faciliter et d’appuyer la consultation des archives et documents sur l’histoire du Burundi conservés auprès de leurs administrations.
Parlant des missions de la CVR, le commissaire Déo Ndikumana est, dans son exposé, revenu sur l’article 6 de la loi régissant cette commission qui stipule que la 1ère mission est d’enquêter et d’établir la vérité sur les violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises durant la période allant du 26 février 1985 au 4 décembre 2008, date de la fin de la belligérance.
Pour lui, les enquêtes visent à élucider les violations des droits politiques, civils, économiques et sociaux majeurs, établir les responsabilités individuelles et celles des institutions étatiques, des personnes morales et des groupes privés. Elles visent aussi à aménager un lieu de conservation des restes humains avant leur inhumation en dignité.
Quant à M. Aloys Batungwanayo, commissaire aussi à la CVR, il a indiqué dans son exposé sur la gestion des mémoires blessées, que la mémoire est importante pour s’inscrire dans la filiation du temps, dans la durée et dans l’histoire, pour partager le même vécu, notamment pour les survivants d’une guerre, qui cherchent à retrouver les mêmes émotions, leur identité et à donner un sens à la mort de leurs camarades. Dans ce sens, a-t-il déclaré, un monument pour toutes les victimes aiderait au travail de deuil, ajoutant que parfois, le devoir de mémoire s’accompagne d’une exigence de réparation et de reconnaissance. Pour M. Batungwanayo, on commémore parce qu’on espère un monde meilleur où il n’y aura plus du « jamais ça ».
Signalons que cette réunion avait vu la participation de certains ambassadeurs accrédités à Bujumbura et de certains responsables des Organisations non gouvernementales œuvrant au Burundi.