KAYANZA, 4 sept (ABP) – Mme A. Nzikoruriho (photo) n’a plus d’œil droit et ses bras ne fonctionnent plus même si elle a survécu à la tentative d’assassinat par machette perpétrée par son époux en 2008.
Handicapée à 27 ans depuis cette date fatidique de 2008, Mme Nzikoruriho est dans l’incapacité d’exercer le petit commerce et l’agriculture qu’elle pratiquait avant. Elle vit pour le moment sur sa colline natale à Kayanza.
La justice a condamné son mari à cinq ans de prison et deux millions de FBu de dommages et intérêts. Il a été libéré après deux ans d’emprisonnement et s’est remarié. La victime n’a reçu aucun sous de dédommagement.
Son mari lui a infligé plusieurs autres sortes de violences avant la tentative d’assassinat. En 2006, leur région de Kayanza a été secouée par une disette. L’homme est parti chercher du travail afin de gagner de l’argent et acheter la nourriture pour la famille. Il est revenu après une année et n’a rien amené, selon Mme Nzikoruriho. Il a plutôt commencé à vendre les animaux domestiques dont un porc que sa femme avait acheté espérant qu’une fois revendu, on aura l’argent qui leur permettra de récupérer une parcelle vendue sans l’accord de la femme et de ses parents. Il a vendu les lapins et d’autres biens du ménage. Il a même vendu un champ de manioc que sa femme partageait avec une voisine, un champ dont les boutures avaient été accordées par l’administration. Il gaspillait tout l’argent obtenu dans des bistrots. Comme la femme craignait qu’il vende aussi sa chèvre, elle est allée la cacher chez sa maman.
La victime indique qu’elle était battue presque tous les jours. Les notables de la colline intervenaient pour arrêter les disputes mais en vain car la bagarre reprenait le lendemain. Elle a alors décidé de fuir vers sa famille natale, dans la perspective de revenir dès qu’il aura terminé de bouffer cet argent.
Entre temps, les responsables administratifs locaux l’ont condamné à payer les maniocs volés. Le chef de zone lui a reproché d’avoir abandonné la famille et de revenir pour détruire ce que la femme a construit en son absence. « Une nuit, alors que cela faisait un mois que j’étais partie, il est venu me tuer à coups de machette dans la maison de ma maman. Le coup de machette reçu au visage m’a cassé la tête et emporté mon œil droit. Les bras ne fonctionnent plus à cause des coups de machettes reçues ».
Mme Nzikoruriho reconnaît qu’elle est encore en vie grâce à l’intervention de l’administration, de la communauté, des médecins et des associations de promotion et de défense des droits des femmes. Le chef de colline a organisé une évacuation rapide vers l’hôpital de Kayanza alors qu’on croyait qu’elle était déjà morte. La mère de la victime a vendu la terre pour payer les soins de santé à l’hôpital Roi Khaled de Bujumbura où elle a repris connaissance après plusieurs jours d’hospitalisation. De retour à Kayanza, un membre de la coalition « Murekerisoni » de la zone Gatara l’a remarquée de passage et l’a conduite chez la représentante légale de cette coalition, Mme Léoncie Nshimirimana.
« Que Dieu bénisse cette mère. Si je ne l’avais pas vue, je serais dans la tombe depuis longtemps. Malgré les soins reçus à l’hôpital Roi Khaled, mon œil continuait à s’infecter et on m’avait dit que j’allais mourir si l’infection continuait et atteignait le cerveau alors que ma mère n’avait plus de propriété à vendre pour continuer à me faire soigner », raconte la survivante.
La coalition « Murekerisoni » l’a orientée vers d’autres associations comme ADDF (Association de défense des droits de la femme) et AFEV (Action en faveur des enfants vulnérables) qui l’ont beaucoup aidée pour les autres soins de santé. Son œil a déjà subi trois opérations chirurgicales qui ont permis une amélioration de l’état de la plaie infectée occupant son œil. Mais les médecins du pays lui ont recommandé d’aller poursuivre les soins à l’extérieur du pays. La coalition Murekerisoni appuie également pour les frais scolaires des enfants de la survivante.
Mme Nzikoruriho apprécie beaucoup l’aide reçue de tous les côtés et souhaite qu’on l’aide à construire son logement dans une parcelle achetée sur sa colline natale avec l’aide d’AFEV.
La coordonnatrice du programme Genre et Inclusion sociale à l’ONG ACORD Burundi, Mme Nicelatte Niyongere, a demandé aux leaders communautaires d’informer les autorités locales et le FNF (Forum national des femmes) de ce cas pour empêcher son ex-époux de continuer à vendre la terre alors qu’il a quatre enfants qui sont sous la charge de leur mère actuellement handicapée suite aux violences subies.