BUJUMBURA, 23 sept (ABP) – « Aujourd’hui, les survivants des violences sexuelles et basées sur le genre (VBG) ont brisé le phénomène de souffrir en silence grâce au travail du centre intégré de prise en charge des survivants », confie à l’ABP Mme Odette Harerimana (photo) de la zone Cumba en commune et province Muyinga (nord-est du Burundi).
« La situation transmise de génération en génération par la coutume et pour que les femmes supportent, la mort dans l’âme, les violences subies, est en disparition.
Les centres intégrés sont venus comme le salut pour les survivants des VSBG.
Les femmes qui sont battues ou victimes d’autres formes de violences ne se taisent plus. Elles ont brisé le phénomène de « Niko zubakwa » qui faisait croire que toutes les femmes subissaient des violences et qu’il était inutile de dénoncer, de demander secours et d’alerter », renchérit Mme Harerimana.
Les victimes des VBG de Muyinga parlent aujourd’hui et vont directement demander secours au centre intégré qui les soigne et les réconforte. Ce centre assure leur déplacement. Il les accompagne quand elles vont porter plainte jusqu’à l’aboutissement du procès et à l’exécution du jugement.
Mme Harerimana a notamment évoqué le cas d’un homme de Butihinda qui a tué, avec la complicité de son amante, deux enfants de son épouse. Tous les services du centre se sont impliqués. La femme qui était traumatisée a bénéficié d’une prise en charge psychologique. Les meurtriers (l’homme et son amante) ont été arrêtés et jugés et purgent aujourd’hui la peine. La survivante a été dédommagée.
Dans le passé, beaucoup de femmes subissaient des violences en silence. Elles n’étaient pas secourues. Elles ne dénonçaient même pas les situations qu’elles vivaient parce qu’elles ne voyaient pas de résultats.
Même les survivantes des VBG qui osaient porter l’affaire en justice attendaient en vain l’aboutissement de leurs dossiers. Elles n’étaient dédommagées quand bien même elles gagnaient les procès, déplore-t-elle.
Mme Odette Harerimana estime que l’implantation des centres intégrés dans tout le pays conduirait, sans nul doute, à l’éradication des VBG puisqu’il n’existe pour le moment que trois centres en provinces Muyinga, Makamba et Cibitoke.
Une survivante de la commune Gasorwe vivait en union libre avec un homme depuis sept ans et six mois. L’homme l’a chassée avec ses deux enfants pour se marier avec une autre femme. Souvent battue, elle est rentrée bredouille en janvier dernier alors qu’elle avait contribué énormément au développement économique du ménage.
« Avec l’argent provenant de mes activités génératrices de revenus (vente du vin de banane, élevage de porcs, agriculture), j’ai contribué à la construction de notre maison moderne couverte de tôles qui nous a permis de quitter notre ancienne maison en pailles qui laissait la pluie pénétrer dans la maison quand il pleuvait. J’ai laissé des champs d’une valeur de plus de 300.000 FBu, raconte la survivante.
Elle a approché le centre de Muyinga depuis un mois, après avoir été battue au moment où elle allait réclamer, auprès de son ancien concubin, la pension alimentaire que les notables lui ont imposée. Elle remercie le centre qui l’aide en matière judiciaire et qui lui accorde la nourriture et le ticket aller-retour quand elle vient au centre. Elle demande aux bienfaiteurs de l’aider à acquérir un petit capital pour qu’elle puisse reprendre les activités d’autonomisation.
Les centres intégrés mis en place dans le cadre du projet d’urgence relatif aux VSBG et la santé des femmes dans la région des Grands lacs (PUVSBVGSF-RGL) garantissent aux survivants la prise en charge médicale, psychosociale, judiciaire et juridique.