BUJUMBURA, 7 août (ABP) – Le président de la Commission vérité et réconciliation (CVR), Mgr Jean Louis Nahimana (photo), a organisé mardi le 7 août 2018 une conférence sur la gestion des mémoires pour la réconciliation dont l’objectif était de recueillir les propositions, les avis et les commentaires susceptibles d’éclairer la CVR sur une méthodologie à adopter en vue de la réalisation de ses missions en rapport avec la promotion du pardon et de la réconciliation.
Mgr Nahimana a indiqué qu’au cours de la phase des dépositions et d’enquête complémentaires, la CVR a eu connaissance de plusieurs violations graves des droits humains et du droit international humanitaire commises lors des périodes sombres de l’histoire du Burundi. Ces violations ont occasionné chez les victimes et les présumés des blessures graves qui sont encore difficiles à guérir chez certains, a-t-il dit, soulignant que la CVR fait face au problème de gestion de ces mémoires blessées au Burundi. En organisant cette conférence, la commission souhaite revenir aux fondamentaux de la réconciliation, a-t-il souligné, estimant qu’il est absolument nécessaire de préparer les cœurs des Burundais au pardon et à la réconciliation sans toutefois rouvrir les blessures du passé traumatique.
Le président de la CVR a fait savoir que la commission part sur quatre piliers, à savoir la vérité, la justice, la réparation et la garantie de non répétition des violations graves du passé. Par la vérité, explique-t-il, on entend l’établissement et la reconnaissance des faits sur les violations commises comme un premier pas vers un dialogue social, voire la réconciliation. La lutte contre les violations du passée et, si possible, leur punition, constituent un rempart contre la résurgence des violations similaires à l’avenir.
Quant à la justice, il s’agit de l’identification et de la poursuite des auteurs de crimes internationaux, ce qui sert également de réparation et de prévention. Des mécanismes efficaces de reddition montrent que ces atrocités ne doivent pas rester impunies et dissuadent ainsi leur commission, poursuit-il. Mgr Nahimana admet que les victimes ont droit à la réparation adéquate pour le préjudice qu’elles ont subi. Il a aussi signalé que les réparations ne se limitent pas aux compensations économiques. Elles peuvent aussi inclure des démarches symboliques, telles que des excuses publiques ou la construction de mémoriaux et des mesures visant à améliorer la vie des victimes et de leurs familles.
S’agissant de la garantie de non répétition, le président de la CVR a informé que son souhait est de tirer les leçons du passé afin que tout soit mis en œuvre pour prévenir la commission future de violations des droits humains. Il a, en outre, signifié que les mémoires blessées dont la gestion laisse à désirer sont un obstacle à la réconciliation, tandis qu’une mémoire qui n’arrive pas à faire passer le passé entre dans le droit chemin d’un processus destructeur. Il a terminé ses propos en indiquant que ce sont toutes ces violations que la CVR doit éradiquer à travers son programme de réparation et de réconciliation afin que plus jamais un Burundais ne soit l’objet de tels actes d’inhumanité.