BUJUMBURA, 12 mars (ABP) – Les femmes et les filles sont invitées à partager leur vécu à la CVR (Commission vérité-réconciliation) par rapport au passé douloureux que le Burundi a connu pendant les différentes crises.

L’appel a été lancé le 8 mars 2019, à Bujumbura, au cours d’une table ronde (photo) pour une meilleure prise en compte des droits des femmes et des filles dans les processus et dans la programmation nationale organisée par l’association Dushirehamwe, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme.

Les acteurs et intervenants en matière de promotion et protection des droits des femmes et des filles qui ont participé à la table ronde ont estimé que les femmes sont généralement affectées par tout événement qui les affecte ou affecte les voisins. Elles sont même touchées quand le voisin a faim. Elles ont été beaucoup plus affectées par le passé douloureux que les Burundais ont vécu pendant les différentes crises qu’a connues le Burundi. Elles ne manqueraient certainement pas de témoigner devant la CVR si elles sont rassurées de leur protection, a noté un intervenant. L’objectif de la CVR est l’autre critère qui les inciterait à exprimer ce qu’elles ont vu pendant les différents conflits. Qu’est-ce que les femmes souhaitent après avoir dit la vérité? La réconciliation ? La justice ? Ou les deux ?, s’est interrogé un intervenant. Un autre intervenant a proposé de mettre en place des équipes d’écoute qui inspirent confiance et crédibilité, tenant en considération les dimensions genre et ethnique. Il a estimé qu’il serait difficile pour une femme âgée victime de viol de témoigner devant une équipe constituée de jeunes personnes, tout comme elle s’exprimera difficilement devant une équipe composée d’hommes. En cas d’une victime de conflit ethnique, il ne lui sera pas facile de s’exprimer devant des gens de la même ethnie que le bourreau.

Cependant, le public, précisément les femmes et les filles, ne sont pas suffisamment informées sur le mécanisme de la CVR et ses missions. Elles sont réticentes et ont peur de s’exprimer dans le cadre de ce nouveau processus, selon les participants à la table ronde, qui ont recommandé de multiplier des séances de sensibilisation sur la CVR, son mandat et ses principes au niveau communautaire, et se faire appuyer par la société civile. Il faudrait aussi informer et sensibiliser les femmes sur la loi portant protection des témoins et victimes, et les inciter à accroître leur participation à ce processus de justice transitionnelle, spécialement au niveau communautaire. Il a été en outre demandé à la CVR d’élargir la période d’écoute pour recueillir plus de témoignages sur le passé douloureux.

Le partage des situations vécues est également l’un des remèdes aux problèmes de traumatisme, a-t-on noté pendant la table ronde.

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