BUJUMBURA, 2 sept (ABP) – Les agriculteurs des bananiers ont été interpellés à conduire correctement leurs plantations pour une bonne récolte, a-t-on appris du chef du programme production végétale à l’ISABU (Institut des sciences agronomiques du Burundi), M. Célestin Niyongere (photo), dans une interview qu’il a accordée à l’ABP.

Niyongere a indiqué que l’entretien des plants de bananiers est une bonne chose qu’il faut pratiquer. Une touffe de plus de 20 plants est comme une femme qui met au monde 20 enfants et qui leur donne une seule assiette de nourriture, ce qui veut dire que ces plants manquent de quoi se nourrir et vont devenir chétifs. Ainsi, ils vont faire une compétition pour avoir de la lumière, et c’est pourquoi on les trouve très élancés et produisent de petits régimes, explique-t-il. Il a précisé que la combinaison des maladies est toujours là, mais que la grande question réside au niveau de l’entretien.

Selon M. Niyongero, l’ISABU est en train d’apprendre à la population l’approche de réhabilitation des bananiers, donc à conduire correctement les plantations. Dans les conditions normales, une touffe devrait avoir 3 plants de bananiers, c’est-à-dire la plante mère, la plante fille qui va suivre après 6 mois et une après la floraison au niveau de la plante-mère. Il a ajouté que l’approche des trois plants va permettre d’assurer la nourriture de la plante et d’avoir des régimes relativement grands ainsi que le fait de bénéficier l’espace. Il a aussi signalé que le bananier peut rendre le cultivateur riche ou pauvre. Il lui rend pauvre quand le cultivateur conduit mal le bananier avec des touffes de 50 plants ou 100 plants. En ce moment, les touffes vont occuper toute l’espace sans rien produire. De plus, il manquera de l’espace où mettre d’autres cultures vivrières comme le haricot, le maïs, la colocase, etc. Suite à cette problématique d’entretien, certaines variétés ont succombé, ce qui signifie qu’il y a eu un problème de biodiversité.

Le bananier, a poursuivi M. Niyongere, comprend les variétés à dessert, à cuire, à jus et les plantains (umuzuzu). Donc il y a tendance à perdre cette diversité, et à cause des maladies, certaines variétés disparaissent progressivement. C’est pourquoi l’ISABU a fait la réintroduction de plus de 256 autres variétés.

La question qui hante cette institution est de savoir qui va financer la multiplication de ces variétés. Avec un financement du Programme de développement des filières (PRODEFI), l’ISABU a distribué cette année 70.000 plants de différentes variétés et 100.000 plants l’année passée dans les zones d’action des provinces Kayanza, Ngozi et Gitega. Il a signalé que ces plants distribués sont trop peu par rapport aux besoins. Il espère qu’on va faire un projet national de réhabilitation et d’enrichissement du germoplasme bananier, car c’est une culture d’une grande importance économique.

Un autre problème qui se pose au Burundi, témoigne le chef du programme production végétale, la population burundaise n’est pas prête à acheter des plants de bananiers, même si la multiplication serait faite à l’ISABU. Elle campe sur la tradition qui prône l’utilisation de sa semence, au lieu d’acheter de nouveaux plants.

 

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