BUJUMBURA, 24 déc (ABP) – La synergie des médias burundais qui a eu lieu le 7 décembre 2018 sur les Violences basées sur le genre (VBG) a connu des succès malgré quelques manquements, selon un rapport de monitoring présenté lundi à Bujumbura par le Conseil national de la communication (CNC). Organisée par l’Association Burundaise des Journalistes (AFJO) en collaboration avec l’Association burundaise des radiodiffuseurs (ABR), avec l’appui du Royaume des Pays Bas, via l’ONG « Cordaid », cette synergie de 34 médias s’inscrivait dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes sous le thème « La lutte contre les violences faites aux femmes nous concerne tous ».
L’animation de la synergie a été faite sur base de la résolution 1325 qui repose sur 4 piliers à savoir, la participation des femmes à tous les niveaux de prise de décision, la protection des femmes et des filles contre les violences sexuelles et celles basées sur le genre, la prévention des conflits et des violences contre les femmes et la poursuite des crimes de violences basées sur le genre. La synergie s’est particulièrement focalisée sur la loi du 22 septembre 2016 portant prévention, protection des victimes et répression des violences basées sur le genre.
Des reporters avaient été déployés au centre Seruka de Bujumbura de prise en charge des victimes des VBG et dans les provinces de Gitega, Ngozi, Rumonge et Rutana.
Au niveau des succès, le débat a été bien mené, car les questions posées étaient pertinentes et les réponses apportées étaient appropriées, satisfaisantes, et les deux volets touchaient tous les genres, selon M. Gabriel Bihumugani (photo : au micro), conseiller juridique au CNC qui a présenté le rapport. Un pluralisme a été observé au niveau des invités qui provenaient des secteurs différents, qui se complétaient même si elles étaient, presque tous, de sexe féminin.
D’après M. Buhumugani, cette synergie des médias (radios et journaux écrits) a permis à l’opinion de connaître l’ampleur des infractions liées au genre, les structures prenant en charge les victimes et les étapes à suivre pour porter plainte contre les bourreaux. Elle a permis de fustiger certains comportements des OPJ ou des parents qui essaient d’empêcher le cours normal des dossiers des auteurs des VBG. Elle a permis également de briser le tabou, car certaines victimes des violences conjugales ont témoigné. La synergie a aidé à éveiller les consciences de la population sur le comportement à adopter face aux VBG.
Le CNC a déploré cependant un manque d’équilibre genre dans le choix des intervenants et des témoignages des victimes des VBG. Elle a relevé des lacunes dans le cadrage du sujet. Au lieu de traiter le secteur global des VBG comme annoncé dans le spot publicitaire, le contenu a été focalisé sur les violences faites aux femmes et aux filles, alors que les VBG incluent aussi les violences à l’encontre des hommes et des garçons. Les chiffres recueillis au centre Seruka révèlent que 5% des victimes sont des hommes.
Les invitées au studio étaient toutes des femmes. Pour M. Bihumugani, il fallait aussi inviter les hommes qui constituent, en grande partie, les auteurs des VBG. Trois femmes victimes ont témoigné dans cette émission alors qu’il était possible de faire parler un homme victime de violences basées sur le genre.
Le CNC a notamment recommandé à l’ABR de bien cadrer les sujets et de respecter sa ligne éditoriale dans ses émissions. Les animateurs des synergies des médias ont été invités à faire des choix judicieux des invités concernés par le sujet à traiter pour enrichir le débat et aider l’opinion à avoir des réponses à toutes les questions qui se posent.