BUJUMBURA, 26 déc (ABP) – L’East african law society (EALS) mérite d’être soutenue selon son nouveau président, Me Willy Rubeya (photo). Il souligne que cette institution est en place depuis 1995 tout en précisant qu’elle mérite d’être soutenue en raison de son apport important par rapport aux avocats, eux-mêmes, et, également, par rapport aux questions d’intégration régionales.
Au cours d’un entretien avec l’ABP, Me Rubeya a expliqué l’état de santé actuelle de l’EALS. Il a d’abord fait remarquer que c’est une organisation regroupant 6 barreaux de la région de l’Afrique de l’Est en tant qu’institution et qui par conséquent rassemble environ quinze mille avocats membres de ces barreaux en provenance du Burundi, Rwanda, Kenya, Ouganda, Tanzanie, Zanzibar et le Soudan du Sud qui vient récemment d’adhérer.
Il indique que l’EALS reste confrontée à un défi assez majeur de prouver aux membres ainsi qu’aux citoyens son utilité car, a-t-il insisté, en tant qu’institution, elle reste chargée de la promotion de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit et tout ce qui est relatif aux droits de l’homme dans la région. Selon le nouveau président de l’EALS, ce défi s’inscrit dans un ensemble de défis auxquels font face cette institution mais cela ne va pas lui empêcher de continuer à lutter pour le développement de la profession d’avocat dans la sous-région ainsi que pour la démocratie et l’État de droit, qui sont des principes indispensables pour la prospérité de la région Est africaine.
Interrogé à propos du profit que le Burundi va tirer de son élection à la tête de l’EALS, il indique qu’assurer la présidence d’une institution aussi prestigieuse donne une belle image du pays et qu’en plus cela va sensibiliser les avocats et les institutions du Burundi.
Pour les avocats burundais, il va y avoir beaucoup plus de formations à leur profit pour leur permettre de bénéficier des retombées de l’intégration régionale et en ce qui concerne l’autorité publique, en tant que président de l’EALS, des experts en matière de l’intégration régionale pourront être mis en place pour l’appuyer.
Au cours de sa campagne Me Rubeya a également évoqué la question de la barrière linguistique considérée comme un défi majeur à l’endroit d’un avocat burundais, précisant ce qu’il compte faire pour relever ce défi : « Il y a, à ce niveau, deux défis ; premièrement c’est la barrière linguistique, deuxièmement c’est l’origine des droits que nous pratiquons. Ça constitue deux familles juridiques différentes où dans les autres pays de l’Afrique de l’Est on pratique le Common Law tandis que nous nous pratiquons le « Civil Law ». En ce qui concerne la langue, effectivement nous parlons le français tandis que les autres pays parlent beaucoup plus l’Anglais ».
Selon certaines sources juridiques (Blogue : Apprendre le droit), la « Common Law » est le système juridique utilisé en Angleterre et au pays de Galles. Elle repose principalement sur l’idée de précédent : lorsqu’un tribunal statue sur une affaire, cette décision fait partie du droit du pays. Les juges s’appuient sur des affaires et des précédents pour résoudre un cas. Les codes des pays de « Common Law » reflètent les règles de droit énoncées dans les décisions de justice. Les juges dans le système de « Common Law » règnent en common law et en équité.
S’agissant du « Civil Law », le droit civil est basé sur la législation. Dans ce système juridique, les décisions des juges n’affectent pas les lois d’un pays. Le droit civil est basé sur des codes couvrant différents sujets juridiques. Les juges se sont d’abord tournés vers les dispositions des codes pour résoudre un cas. Le droit civil (Civil Law) est, quant à lui, un système juridique le plus répandu dans le monde. Il est utilisé dans presque toute l’Europe, en Asie et en Amérique du Sud et dans la plus grande partie de l’Afrique. Le système de droit civil a été développé à partir du droit romain, le système juridique utilisé dans l’empire romain.
Me Rubeya est conscient que ces deux défis peuvent changer de casquettes, « Je pense que ces deux défis pourraient être tournés en opportunités parce qu’il est assez facile aux francophones d’apprendre l’anglais comme il l’est également à un juriste ayant étudié le « Civil Law » de comprendre beaucoup plus facilement le « Common Law ». Cela constitue, a-t-il estimé, deux atouts majeurs pour un avocat burundais. Pour lui il faudrait faire beaucoup de formations et mettre un peu plus d’effort.
Le nouveau président de l’EALS précise que la maitrise des deux systèmes juridiques et des deux langues (Français et Anglais) sera privilégiée au cours des formations qui, bientôt, vont être dispensées à l’endroit des juristes burundais. En outre, par rapport à ces défis, Me Rubeya révèle la force sur laquelle il va s’appuyer pour les relever. « Je suis très confiant en ce qui concerne la volonté des avocats burundais pour apprendre, pour pouvoir s’intégrer dans la région et pour pouvoir pratiquer dans la région. J’ai eu l’opportunité de discuter avec plus de 100 avocats burundais lors de ma campagne et j’ai appris effectivement qu’ils étaient prêts à franchir le pas. Il faudrait tout simplement mettre en place des systèmes de formation pour leur permettre d’appréhender ces deux questions ». Me Rubeya estime qu’il pourrait créer une synergie nécessaire pour pouvoir affronter ces deux défis.
En guise de rappel, Me Willy Rubeya a été élu le 22 novembre 2018 par le Barreau du Burundi où il était en compétions avec deux autres candidats. Il a été confirmé président de l’EALS samedi le 1er décembre 2018 à Mombassa (Kenya) lors de l’assemblée générale annuelle de cette institution. Il a un mandat non renouvelable de 2 ans et succède à un Rwandais.