BUJUMBURA, 2 avr ABP) – L’implication des ministères en charge de l’Environnement, de l’Education et de la Communication pour intensifier et élargir les interventions pourrait aider, de façon plus active, dans la lutte contre le paludisme, a déclaré l’expert sénégalais de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Dr Bacary Sambou (photo), lors d’un atelier de présentation des résultats de la revue des performances du Programme national intégré de lutte contre le paludisme (PNILP) 2013-2017, le vendredi 30 mars 2018, à l’hôtel Royal Palace.
Evaluant la mise en œuvre des activités du PNILP planifiées sur cinq ans, il a été constaté que depuis 2013, le paludisme est resté jusqu’à nos jours un problème de santé publique au Burundi, avec une évolution ascendante des cas affichant un cumul annuel de 7.879.957 cas et 4.415 décès, les plus vulnérables étant les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans.
Selon Dr Sambou, le profil épidémiologique du paludisme a décrit une incidence allant de 47‰ en 2013 à 81.5‰ en 2017, et la prévalence de 17% en 2013 à 27% en 2017, tandis que la prévalence de la parasitémie moyenne est de 27%. Il détaille que 45.4% des cas sont des consultations externes enregistrées dans les formations sanitaires et que 50.5% sont des enfants de moins de cinq ans. Trois espèces plasmodiales, P. falciparum 81, 6% (qui est la principale et responsable des formes graves), le P. malariae : 12,5% et le P Ovale 5,8% (EDS III) ont été identifiés.
Sambou fait savoir que la gestion du PNILP de 2013 à 2017 n’a pas été efficace. Les données collectées depuis octobre 2017 et le début du processus d’évaluation du Programme visaient à évaluer la capacité du PNILP à mettre en œuvre les activités planifiées durant la période considérée, faire des recommandations appropriées pour aller vers une optimisation de la capacité de mise en œuvre du programme, et élaborer un nouveau plan stratégique national 2018-2022 orienté vers la réduction drastique de la morbidité et de la mortalité liées au paludisme. Le constat a été que 72,68% des activités planifiées ont été mises en œuvre, 38 % ont été complètement réalisées, 54 % des sept recommandations l’ont été partiellement, et 8% des recommandations, soit une, n’ont pas été réalisées, selon M. Sambou, qui ajoute que le niveau de mise en œuvre des activités de la gestion des activités par objectif stratégique varie entre 33% et 63%.
S’agissant des défis, cet expert dégage que la disponibilité des expertises et une qualification essentielle (entomologie, épidémiologie et santé publique), la stabilisation du staff au niveau du programme, la présence des points focaux au niveau des provinces et districts, ainsi que l’amélioration de la collaboration inter sectorielle font défaut.
M. Sambou recommande, de ce fait, de stabiliser les ressources humaines de la coordination du PNILP, revoir la position institutionnelle du PNILP, et relever le niveau dans l’organigramme du ministère. Il plaide pour l’élaboration d’un document de politique nationale de lutte contre le paludisme et la mise en place d’un comité multisectoriel fonctionnel à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. L’autre souhait est l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de mobilisation des ressources, ainsi qu’un plaidoyer pour l’augmentation du budget de l’Etat alloué au PNILP.