BUJUMBURA, 6 mars (ABP) – Le Burundi ″n’est pas encore officiellement notifié″ d’une décision de rétrogradation de la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH) du ″statut A au statut B″, a déclaré lundi au cours d’un point de presse, M. Jean-Baptiste Baribonekeza (photo), président de cette commission burundaise, en réaction aux propos récemment diffusés par certains médias locaux, faisant état d’une telle rétrogradation. M. Baribonekeza tenait à faire le point sur le statut actuel de la CNIDH burundaise au niveau de l’Alliance globale des institutions nationales des droits de l’homme (INDH) connue sous l’acronyme anglais de Global alliance of national human rights institutions (GANHRI) qui est un organe de coordination des INDH dont le secrétariat exécutif est basé à Genève (Suisse).
La CNIDH burundaise a été créée en novembre 2011 et fut érigée, une année plus tard (novembre 2012), au statut A conformément aux ″Principes de Paris″ adoptés en 2007 dans la capitale française sur les normes minimales requises par les INDH pour être considérées comme ″crédibles et efficaces″ en matière de protection des droits humains. A ce jour, sur 121 INDH recensées sur la planète, conformément aux Principes de Paris et suivant des critères d’évaluation établis par GANHRI composée de 78 INDH classées au statut A pour avoir ″complètement″ satisfaits aux engagements incarnés par les Principes de Paris, de 33 classés au statut B pour en avoir ″partiellement″ satisfaits et de 10 classées au statut C pour ″n’avoir réalisé aucun engagement″ en la matière.
Concernant le statut actuel de la CNIDH burundaise au niveau de la GANHRI, M. Baribonekeza a tenu d’abord à souligner que le Burundi est seulement au courant d’un processus de rétrogradation du statut A vers le statut B en cours depuis déjà bientôt deux ans. ″La CNIDH est donc en face d’un processus qui suit des étapes car, à la dernière session du sous-comité d’accréditation de la GANHRI en novembre 2017 à Genève, ses membres avaient recommandé que la CNIDH burundaise soit rétrogradée du statut A au statut B. Néanmoins, cette recommandation doit être entérinée par le bureau de la GANHRI pour être notifiée au Burundi en bonne due forme″, a-t-il expliqué. L’entérinement de cette recommandation par le bureau de la GANHRI, a-t-il ajouté, devra tenir compte du ″recours déjà introduit″ par la CNIDH burundaise contre ce processus de dégradation, sur base des ″éléments objectifs″ dont elle dispose. C’est ainsi que M. Baribonekeza a déploré que jusqu’à ce jour, les arguments brandis par la CNIDH burundaise en guise de contestation de ce processus de dégradation, ″n’ont pas suffisamment été considérés″ par le sous-comité d’accréditation datant de novembre dernier.
Evoquant les éléments contenus dans l’argumentaire de recours de la CNIDH burundaise déjà introduit auprès de ce sous-comité, M. Baribonekeza a parlé d’une recommandation de rétrogradation non fondée ″basée sur de fausses allégations, des on dit et des informations de seconde main″ relayées par certaines organisations internationales. Il a même pointé du doigt la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et certaines organisations burundaises de la société civiles aujourd’hui déjà dissoutes par le gouvernement burundais et dont les dirigeants se sont exilés à l’étranger dans la foulée de la crise électorale burundaise de 2015.
Baribonekeza a accusé nominativement l’Association burundaise pour la protection des droits de l’homme et des détenus (APRODH), l’Alliance chrétienne pour l’abolition de la torture (ACAT), le Forum pour la concorde et le développement (FOCODE) et le Forum pour le renforcement de la société civile (FORSC) d’être derrière la diffusion de ″fausses″ informations sur la CNIDH burundaise, en vue de faire accréditer la thèse, selon laquelle cette dernière ″ne serait pas indépendante dans ses faits et gestes″ en faveur de la protection des droits humains au Burundi.
A la question de savoir à quand est attendue la décision définitive de rétrogradation de la CNIDH burundaise du statut A au statut B, M. Baribonekeza a indiqué que la sentence y relative est attendue au cours de ce mois de mars et qu’en cas de validation de la rétrogradation, la direction de la CNIDH sortira aussitôt un recours de rejet.