MUYINGA, 10 oct (ABP) – Le chef de l’Etat Pierre Nkurunziza (photo) en visite lundi en province de Muyinga (nord-est du Burundi) s’est exprimé sur les grandes motivations qui ont poussé le Conseil national de sécurité (CNS) le 26 septembre dernier à suspendre pendant tout le mois d’octobre 2018, toutes les activités d’exploitation minière par les coopératives ou autres associations opérant dans le secteur des mines.
Selon lui, la première raison c’est la fraude. Les exploitants miniers vendaient frauduleusement les minerais à l’étranger, principalement au Rwanda, et cela causait un grand manque à gagner pour le Burundi. Il a donné l’exemple des exploitants de la commune Kabarore, province Kayanza (nord du Burundi) qui, en 2016 ne déclaraient qu’une production de 400kg/mois. Le gouvernement a dû se lever pour lutter contre cette pratique.
En 2017, les mêmes exploitants déclaraient 25.000kg de minerais par mois ! “Comment pouvez-vous justifier cela ? », s’est interrogé le chef de l’Etat. “Après le rappel à l’ordre en 2016, le secteur minier a renfloué les caisses de l’Etat mais malheureusement pas pour longtemps”, a-t-il regretté.
Au cours d’une réunion récente du CNS, nous nous sommes encore une fois rendu compte que la fraude des minerais s’était de nouveau installée à partir du mois de février 2018 et que les recettes publiques en devises issues dudit secteur avaient vertigineusement chutées, alors que des” millions et des millions de devises sont empochées par les exploitants sans verser un sous au trésor public”, s’est-il indigné. “Cela fait très mal. Comment les richesses en provenance du Burundi, vont développer des pays étrangers alors que des Burundais meurent de faim, et ces pays vont donner des rapports ici et là qu’ils ont vendu des tonnes de minerais alors qu’en réalité, ils n’en ont pas dans leur sous-sol ?”, s’est-il encore une fois indigné.
La 2ème raison évoquée pour justifier cette suspension est la négligence notoire observée chez des responsables des coopératives minières. Les manœuvres ne sont assurés ni auprès des sociétés d’assurance ni auprès de l’Institut national de sécurité sociale (INSS). “Cela est impensable que dix ou 15 personnes périssent dans les tranchées à la suite des éboulements et que l’affaire soit classée sans suite, sans que les ayant-droits des victimes ne perçoivent aucune indemnité”, a martelé le chef de l’Etat. Il a donné un délai d’un mois aux responsables des coopératives minières pour faire assurer leurs travailleurs. “Il ne faut pas avoir le goût exagéré de l’argent et oublier vos semblables”, a-t-il conseillé.
La dernière raison qui a conduit le CNS à prendre la mesure est le non-respect de l’engagement pris par les coopératives minières à protéger l’environnement. Selon le président Nkurunziza, aucune coopérative minière n’a réhabilité les sites exploités. “Les trous restent béants par endroits”, a-t-il de nouveau regretté avant de leur lancer une dernière mise en garde. “Aucune réunion ne se tiendra pour donner un autre délais de grâce. Une coopérative qui ne se conformera pas à la loi sera définitivement rayée de la liste et ne pourra plus, quoi qu’il arrive, prétendre à revenir dans le secteur minier”, a-t-il conclu.