BUJUMBURA, 7 mars (ABP) – Une conférence publique a été organisée vendredi soir à Bujumbura sur la Résolution 1325 (R 1325) du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité en vue d’évaluer son influence sur la représentativité des femmes dans les organes de prise de décision.
Organisée par la Plateforme femmes, paix et sécurité, avec l’appui de l’ambassade de France au Burundi, cette activité s’inscrit dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la femme du 8 mars.
Mme Agnès Faure, chargée de coopération à l’ambassade de France au Burundi, a évoqué la campagne spéciale menée au cours de ce mois de mars pour la participation des femmes à la gouvernance du pays. Selon elle, l’année 2020 est une année cruciale au Burundi du fait des élections à venir et également une année cruciale pour les droits des femmes dans le monde entier puisqu’elle coïncide avec le 20ème anniversaire de la R 1325 et le 25ème anniversaire de la déclaration et du programme d’action de Beijing adopté en 1995 lors de la 4ème Conférence mondiale sur les femmes.
D’après elle, la R 1325 est le 1er document formel et légal issu du Conseil de sécurité de l’ONU qui impose aux différentes parties en conflit de respecter les droits des femmes. Dans l’optique de cet anniversaire, tous les Etats ont été invités à procéder à des examens très approfondis au niveau national pour relever les progrès réalisés ainsi que les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de la déclaration et du programme d’action de Beijing. Elle a indiqué que le Burundi a remis son rapport très récemment sur l’outil. L’engagement du Burundi pour la R 1325, et plus généralement pour les droits des femmes, n’est pas à démontrer, d’après Mme Faure. Elle s’est réjouie du partenariat entre le RFP (Réseau femmes et paix), chef de file de la plateforme femmes, paix et sécurité et l’ambassade de France dans le cadre d’un programme de défense et de promotion des droits des femmes qui a notamment permis la création d’espaces de parole des femmes pour porter haut et loin leur voix et contribuer à l’amélioration du taux de participation des femmes aux organes de prise de décision, du sommet à la base et dans tous les secteurs.
Dans son intervention, le délégué de l’Union européenne (UE) au Burundi, l’ambassadeur Claude Bochu (photo : à gauche), a souhaité un très bon anniversaire à la R 1325. Il a rappelé quelques éléments historiques concernant l’adoption de la R 1325du Conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité qui célèbre cette année son 20ème anniversaire. D’après lui, la dimension du genre est l’un des principes fondamentaux de la création de l’UE. Le principe est inscrit, dès le départ, dans le Traité fondateur de l’UE et le Traité de Rome.
Au niveau de la représentation des femmes dans différentes institutions de l’UE, on donne des pourcentages. A titre illustratif, pour l’ensemble des gouvernements et parlements de l’ensemble des 27 pays membres de l’UE, le taux de représentation des femmes était de 31,7% en 2019. Il a cité les bons exemples des pays qui se distinguent particulièrement avec des taux de plus de 40%, à savoir les pays scandinaves (pays nordiques). La Finlande et le Danemark ont, en plus, des premiers ministres femmes. C’est également le cas de la Belgique et de l’Allemagne. La chancelière allemande est là depuis 12 ans. La présidente de la Slovaquie est une femme. Il y a aussi un pays Balte qui a une femme à la présidence. La nouvelle présidente de la Commission européenne (l’exécutif européen) est une femme. C’est la 1ère fois dans l’histoire des institutions de l’UE qu’une femme soit à ce poste.
D’après lui, le chemin reste encore long particulièrement dans le monde des affaires. Même si beaucoup d’efforts ont été faits, les femmes restent sous représentées dans les conseils d’administration des grandes entreprises pour ce qui concerne l’Europe. Le CAP 40, qui n’a que les grandes entreprises notées en bourses de Paris, ne compte que deux femmes. Il en avait une en Belgique qui vient de démissionner. Donc, il n’y a aucune entreprise notée à la bourse de Bruxelles qui a comme femme à la présidence du conseil d’administration. Dans le domaine de l’égalité des chances et des questions de genre au Burundi, l’UE appuie à la résilience des populations burundaises dans le monde rural en termes d’alimentation, de santé et d’accès à l’hygiène. L’ambassadeur Bochu a noté que l’on tient toujours compte de la dimension du genre et des jeunes. Il a, en outre, cité un programme spécifique concernant la lutte contre les violences basées sur le genre, qui est spécialement centré sur la sensibilisation. Le délégué de l’UE a dernièrement visité, en compagnie d’autres ambassadeurs européens, un projet financé par la France en province Rumonge, qui vise à sensibiliser, dissuader ou empêcher les grossesses précoces dans les écoles. L’ambassadeur Bochu a précisé que de très bons résultats ont été enregistrés parce qu’il y a eu zéro grossesse précoce dans six écoles.