GITEGA, 23 oct (ABP) – Le Centre des soins mentaux de Gitega (CSMG) opérationnel depuis 2011 enregistre des effectifs croissants de malades mentaux venus de la province de Gitega et ceux des autres provinces du pays. La majorité des malades mentaux qui se font soigner à ce Centre géré par la Congrégation des Frères de la Charité sont guéris et réintègrent la vie active au cas où ils respectent les prescriptions médicales et les conseils des médecins, a indiqué mardi le directeur de ce Centre, Frère Adelin Bampendubwenge (photo), lors de l’interview avec l’ABP. Il a toutefois déploré des cas de rechute des malades causés principalement par l’interruption des doses médicales.
En général, le CSMG enregistre une moyenne de 15 malades mentaux par jour mais la tendance actuelle est que ces effectifs vont en augmentant au cours de ce mois d’octobre pour atteindre une moyenne de 20 malades voire même plus. A ce jour, ce CSMG compte 20 malades hospitalisés et a accueilli 24 patients ambulants lundi le 19 octobre, a précisé le directeur du Centre.
Les principales raisons de cette augmentation sont variées. Il s’agit notamment de la compréhension de l’importance de ce CSMG par la population mais aussi des cas de rechute dus à la suspension des doses médicales par certains malades. Cela s’explique soit par l’ignorance de l’intérêt de la régularité de ces doses, soit par manque des moyens financiers pour pouvoir acheter ces médicaments qui coutent chers et qui sont pris sur une longue période, a-t-il expliqué.
Frère Bampendubwenge a aussi déploré la rupture de stock au niveau national d’un médicament appelé Haldol 5mg injectable couramment prescrit pour soigner les maladies mentales.
De leur part, les gardes malades des patients souffrant des maladies mentales rencontrées à ce Centre de Gitega déplorent la cherté de la plupart des médicaments des maladies mentales. Il y a des familles obligées de recourir à la vente de leurs superficies foncières pour pouvoir payer ces soins, a signifié un père garde malade.
Un des malades qui se remet progressivement a surenchéri spontanément en demandant à son père de ne plus vendre sa vache pour le faire soigner au risque d’exposer le reste des membres de la famille à la pauvreté. Les gardes malades demandent ainsi au gouvernement la gratuité des soins des maladies mentales comme c’est le cas pour d’autres maladies chroniques telles que la tuberculose, le VIH/Sida et le diabète.
Certes, certains malades indigents bénéficient de la prise en charge médicale du ministère des en charge de la Solidarité. Il y en a aussi qui jouissent une prise en charge de l’ONG MIPAREC et de Caritas Burundi mais la quasi-totalité de ces malades sont généralement dans un état de vulnérabilité et d’incapacité de se payer les frais des soins médicaux, a signifié Frère Bampendubwenge. Raison pour laquelle, certains malades qui se rétablissent rentrent sans pouvoir payer la totalité des soins en promettant de régulariser ultérieurement mais, nombre d’entre eux ne parviennent pas à payer. Même parmi les signataires des contrats de prise en charge médicale des malades, il y en a qui accusent des irrégularités dans le paiement de leurs engagements.
Rappelons que le Centre des Soins Mentaux de Gitega situé sur la Route Muyinga au quartier de Musinzira à environ 200 mètres du centre-ville a ouvert ses portes le 10 octobre 2011. Il a connu une augmentation sans cesse croissante des malades souffrant des maladies mentales dues à 4 causes principales : psychologique, sociale, biologique et environnementale. Les effectifs des malades ont augmenté au fur des années passant de 728 de sexe masculin et 659 de sexe féminin en 2012 à 2371 de sexe masculin et 2566 de sexe féminin en 2019. De 2015 à 2020, les patients souffrant des maladies mentales soignées au CSMG tournent au tour de 2000 et plus aussi bien pour les hommes et garçons que pour les femmes et filles.
Parmi les défis qui méritent une réponse figurent aussi le recrutement d’un médecin psychiatre et d’un neurologue. A ce jour, ce CSMG a un seul médecin généraliste et des infirmiers qui bénéficient des formations régulières au Centre Neuropsychiatrique de Kamenge. Ce centre a aussi besoin de l’augmentation du stock des médicaments, a indiqué le directeur Frère Bampendubwenge.