BUJUMBURA, 27 fév (ABP) – Il a été constaté qu’il y a très peu d’activités de recherche au Burundi alors que les données statistiques aident dans la prise de décision au niveau national, selon Dr Claver Nijimbere (photo : 2ème à partir de la gauche), directeur général de la Science, la Technologie et la Recherche au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Il s’exprimait au cours d’un point de presse de vulgarisation des résultats issus d’une enquête sur la recherche et le développement effectuée pour la 1ère fois au Burundi en août et septembre 2019 par la Direction générale de la Science, la Technologie et la Recherche avec l’appui de l’UNESCO.
L’enquête a révélé que sur 64 institutions et structures de recherche inventoriées, seules 38 ont rendu disponibles les données sur la recherche et développement.
Au total 702 personnes œuvrant dans le domaine de la recherche et développement ont été identifiées. Les femmes sont moins nombreuses, à savoir 137 femmes contre 565 hommes. Parmi ce personnel, on compte aussi 88 techniciens et 49 membres du personnel d’appui.
Il a été constaté une faiblesse en termes de classification de chercheurs burundais. Plus de 57% sont des chercheurs qui n’ont pas encore de doctorat. Les chargés de cours représentent 29%. Les professeurs associés représentent 10%. Tandis que les professeurs ou chercheurs en général qui ont le grade de professeurs ordinaires (la catégorie la plus gradée) ne représentent que 2,4%. Certains professeurs-enseignants consacrent seulement 20% de leur temps à la recherche et 80% pour les enseignements. Il y en a qui utilisent 70% de leur temps pour la recherche et 30% pour les enseignements. D’autres sont 100% pour la recherche, notamment ceux des institutions de recherche comme l’ISABU (Institut des sciences agronomiques du Burundi), le CNTA (Centre national de technologies alimentaires) et d’autres. Il a déploré le fait que beaucoup d’enseignants-chercheurs ne font qu’enseigner seulement alors que l’évaluation d’un enseignant de l’université c’est la recherche.
L’enquête a en outre montré que le personnel en recherche et développement est un personnel jeune. La tranche d’âge de 35 ans à 44 ans occupe 34% du personnel. La catégorie de 45 ans à 54 ans occupe environ 27%. La tranche des moins de 25 ans occupe 0,3%. Les chercheurs de 65 ans et plus représentent 3%. De façon générale, les moins de 35 ans sont à 13%. Les femmes chercheures sont moins nombreuses à toutes les tranches d’âge.
Selon Dr Nijimbere, même les structures dont leur vocation est uniquement la recherche ne font pas suffisamment de recherches. L’enseignement supérieur regorge plus de personnel en recherche et développement avec plus de 70%. Les structures de l’Etat, tel que l’ISABU suivent et enfin les entreprises. Un des défis c’est la déconnexion entre le milieu des entreprises et les universités alors qu’elles devraient travailler de commun accord, la main dans la main, d’après Dr Nijimbere.
Les statistiques de 2018 montrent que 6, 291 milliards de FBu ont été utilisés dans la recherche et développement, a dit Dr Nijimbere en déplorant l’attitude de certains services de recherche dont ceux de l’enseignement supérieur privé qui ont refusé de donner des informations sur le budget utilisé. Seul 0,14% du PIB (Produit intérieur brut) est alloué à la recherche alors que la recommandation de la région est d’y allouer au moins 1% du PIB. Certains pays développés allouent même 5% du PIB au secteur.
Le but de l’enquête était d’établir un état des lieux des indicateurs de la recherche et développement au Burundi pour l’année 2018. L’enquête devait établir les forces et les faiblesses de la recherche au Burundi, dresser une cartographie des structures de recherche et créer une base de données disponibles de l’année 2018 qui devrait être constituée chaque année et produire un annuaire statistique y relatif.