BUJUMBURA, 23 juil (ABP) – La recrudescence des accidents routiers observés en ces derniers moments tant à l’intérieur du pays qu’en ville de Bujumbura est imputable à l’excès de vitesse de certains chauffeurs, apprend-on du commandant de la Police spéciale de roulage (PSR), l’OPC2 Eugène Bizindavyi.
Selon l’OPC2 Bizindavyi, la Police nationale du Burundi compte organiser une réunion à l’endroit des transporteurs, des agences de voyage et d’autres partenaires œuvrant dans ce secteur pour statuer sur des mesures adéquates qui pourraient contribuer à réduire ces accidents.
Dans une interview que le porte-parole du ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, M. Pierre Nkurikiye a accordée à la presse vendredi dernier à Makamba, il a indiqué qu’au cours de cette réunion attendue, il sera décidé qu’une agence qui commettra un certain nombre de cas d’accidents se verra retirer son permis de transport de personnes et de biens.
C’est au moment où certaines agences de voyage sont accusées de dépasser la vitesse, ce qui cause souvent des accidents mortels. Le dernier accident en date est celui ayant eu lieu à Gatobo en province Ngozi où un bus de marque Coaster appartenant à l’agence Memento a percuté une voiture, faisant deux morts sur le champ et des blessés. Cet accident a succédé un autre qui s’est produit mardi le 14 juillet, dans la mi-journée, à quelque 8 km de la ville de Bujumbura, dans la localité de Nyamutenderi, à la colline Kabumba, faisant 3morts et 26 blessés dont neuf grièvement.
Selon la police, un grand bus de la même compagnie (Memento) en provenance de la province Makamba (sud), à bord duquel se trouvaient entre 80 et 120 personnes, a dérapé et s’est retrouvé dans un grand ravin d’environ 40 m de profondeur.
Face à cette situation, le commandant de la PSR a fait savoir que des chauffeurs qui adoptent des comportements d’excès de vitesse mettent en danger leur vie en premier lieu et celle des passagers en second lieu. Il leur lance ainsi un appel vibrant quant au respect de leur vie et celle des passagers à bord.
Selon des informations fouillées sur le site de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) (https://bit.ly/2WAw2a1), le coordinateur du projet MSF, M. Vincent Onclinx, affirme que la plupart des cas qui font recours à cette structure sanitaire sont des victimes des accidents routiers.
« Actuellement, 90% de nos patients sont des victimes d’accidents, principalement de la route. L’année passée, nous avons assuré 22 400 consultations d’urgence et plus de 4000 interventions chirurgicales, soit près de 11 par jour », s’inquiète-t-il.
Cette situation d’afflux de victimes d’accidents routiers a poussé MSF à « décentraliser », en juin 2019, les cas de traumas plus simples vers d’autres structures partenaires. Ainsi, deux centres de santé (Buterere II et Ngagara) et deux hôpitaux (Kamenge et Bwiza-Jabe) prennent actuellement en charge ces cas simples.
D’après le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur « la sécurité routière » rendu public le 7 décembre 2018, les décès sur les routes sont en hausse partout dans le monde, avec 1 350 000 morts.
Le continent africain affiche le taux de mortalité le plus élevé de 26,6 décès par 100.000 habitants. Ce taux est trois fois plus élevé qu’en Europe, précise le même rapport, ajoutant que les piétons et les cyclistes représentent 44% des décès.
Les statistiques du ministère burundais de la Sécurité publique font état de la recrudescence des accidents routiers ces dernières années où on enregistre 3 145 en 2017, plus de 5 000 en 2018, et 2 705 au premier semestre de 2019. Cette situation devient de plus en plus inquiétante en cette période d’été, qui est jugée dangereuse par ledit ministère car, souligne-t-on, c’est pendant à ce moment que les accidents de roulages se multiplient.
Certains piétons traversant les routes de la ville de Bujumbura qui se sont entretenus avec l’ABP ces derniers jours s’indignent du fait que les signalisations indiquant les passages des piétons pour les aider à traverser les routes, et surtout les boulevards, ne sont plus visibles.
Des personnes rencontrées au niveau du boulevard Mwezi Gisabo, anciennement appelé (28 novembre), racontent le calvaire auquel ils font face chaque matin en se rendant au boulot.
« Nous venons de passer une vingtaine de minutes à attendre qu’un chauffeur animé de bonne foi nous laisse passer, mais en vain. C’est la même situation tous les matins, indiquent-ils.
Il y avait avant des lignes qui facilitaient aux piétons la tâche de traverser, mais maintenant qu’elles ne sont plus, nous vivons un véritable calvaire », déplorent-t-ils, tout en demandant à la mairie de Bujumbura de se saisir de ce cas. A ce propos, le commandant de la PSR indique qu’ils sont conscients de cette situation et tranquillise que la résolution de cette question se trouve dans les priorités de la mairie de Bujumbura.