BUJUMBURA, 9 jan (ABP) – Les députés se sont réunis vendredi le 8 janvier à l’hémicycle de Kigobe pour analyser et adopter le projet de loi portant révision de la loi numéro 1/08 du 11 mai 2018 portant gestion des pesticides au Burundi.
Lors de l’exposé des motifs, le ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, Dr Déo Guide Rurema (photo), a d’abord rappelé que dans le monde de la technologie et du commerce modernes, la protection des végétaux et des animaux contre les insectes, les maladies, les mauvaises herbes, les parasites et autres ravageurs, sans mettre en danger les humains, les animaux et leur environnement, exige des efforts concertés et soutenus de la part de toutes les parties prenantes.
Le ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, Dr Déo Guide Rurema, à l’hémicycle de Kigobe |
Dr Rurema a aussi fait savoir que les instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux régissant le commerce et l’utilisation des pesticides ont subi des changements cruciaux au cours des dernières années. Il a, par ailleurs, ajouté que des experts et des spécialistes ainsi que la majorité des organisations internationales telles que la FAO, l’OMS, l’OIE, l’OMC ont souligné, avec instance, que l’une des formules les plus efficaces pour disposer des pesticides en quantité et en qualité suffisantes consiste, pour chaque Etat, à disposer d’un instrument juridique adéquat et, ainsi, se conformer aux prescrits des communautés économiques régionales.
Dans la perspective de la mise en œuvre des prescrits de la communauté Est-africaine sur l’harmonisation de la gestion des pesticides dans les Etats membres, il a été mis en place un groupe de travail technique chargé d’élaborer trois directives relatives à la conduite des essais d’efficacité biologique, à la conduite des essais sur les résidus et à l’enregistrement des pesticides au sein de l’EAC.
Le ministre en charge de l’Agriculture n’a pas manqué de signaler qu’au Burundi, la gestion des pesticides est actuellement assurée par le ministère de l’Agriculture via la Direction technique chargée de la protection des végétaux (DPV), en concertation avec l’ISABU ainsi que le Comité national chargé de l’homologation et du contrôle des pesticides (CNHCP). Il a, en outre, précisé qu’on dénombre, au Burundi, six catégories de pesticides dont les insecticides, les nématicides, les fongicides, les herbicides, les raticides et les perturbateurs chimiques.
Selon toujours le ministre ayant l’Agriculture dans ses attributions, le présent projet de loi permettra de se mettre en conformité avec les normes de la FAO, du CODEX et de l’OMC qui régissent toutes les interventions en matière de santé végétale à travers le monde. Ce dernier permettra aussi d’actualiser et harmoniser la législation burundaise relative à la gestion des pesticides à celle de l’EAC, réglementer la gestion des pesticides pour éviter que leur mauvaise utilisation nuise à la santé des plantes, des animaux et à la santé humaine ainsi qu’à l’environnement, réguler et inspecter les pesticides dans tous les maillons de circuits, et contrôler les résidus des pesticides dans les produits d’origine végétale depuis la production jusqu’à la consommation.
Les députés ont, dans leurs interventions, proposé l’usage des médicaments traditionnels pour les plantes que les Burundais ont l’habitude d’utiliser, comme le cendre, la brique cuite et les feuilles de certaines plantes pour tuer les insectes ravageurs qui menacent la récolte au lieu d’utiliser les pesticides qu’ils jugent nuisibles à la santé humaine et animale.
Le ministre de l’Agriculture a répondu que l’utilisation des pesticides doit continuer, arguant que ces derniers jouent un rôle important dans la lutte contre les maladies et ravageurs des cultures, ce qui permet l’augmentation considérable de la production agricole et garantit la sécurité alimentaire. Il a, cependant, signalé que ces derniers doivent être utilisés en respectant la dose et en veillant à ce qu’ils remplissent les normes.
Pour les médicaments traditionnels des plantes et des animaux, le ministre Rurema a signifié qu’on est en train de voir comment faire la promotion de ces derniers, en commençant par faire des recherches pour voir leur efficacité. L’étape suivante sera la classification des médicaments selon les maladies qu’ils sont capables de soigner, et enfin la multiplication de ces médicaments, s’ils se présentent comme des plantes, va suivre.
Selon le ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, les agronomes sont toujours proches des agriculteurs pour sensibiliser car, a-t-il expliqué, certains agriculteurs font le surdosage de ces pesticides ou même de ces médicaments traditionnels, ce qui entrainent des conséquences néfastes pour les cultures. Après l’analyse, 109 députés qui étaient présents ont tous adopté ce projet de loi moyennant quelques amendements.