BUJUMBURA, 20 nov (ABP) – Les députés burundais, en session extraordinaire, ont adopté lundi un projet de loi portant autorisation du changement du mode de gestion et de la structure du capital social de la SOSUMO (Société sucrière du Moso). Sur 101 députés dont 90 présents et 11 procurations, 100 ont voté pour le changement du mode de gestion de cette industrie sucrière. Une voix a été contre.
Ce changement de structure du capital de la SOSUMO implique l’ouverture de celui-ci aux nouveaux opérateurs économiques privés qui apporteront 53, 68% du capital social et une forte réduction de la part de l’Etat. La participation des actionnaires actuels dont l’Etat sera de 46,32%. L’Etat détient pour le moment plus de 99% des actions de la SOSUMO, à côté de deux actionnaires privés, la SBF (devenue ECOBANK) et la BRARUDI qui détiennent un peu moins de 1%.
Selon le ministre du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, M. Jean Marie Niyokindi (photo), qui a défendu le projet de loi, la capacité maximale de production du sucre de la SOSUMO est de 23 000 tonnes par an alors que le besoin national du sucre est de 35 000 tonnes. Or, cette société n’a pas de moyens financiers nécessaires pour réhabiliter ses équipements et engins agricoles, faire l’extension de l’usine et des plantations de canne à sucre. Ces derniers temps, le gouvernement a été obligé d’autoriser l’importation du sucre pour faire face à la pénurie de ce produit.
Pourtant la création de cette société en 1982 visait entre autre l’économie des devises en évitant l’importation du sucre, la création d’emplois, le développement économique de la région du sud-est par la création de pôle de développement et la satisfaction de la demande sans cesse croissante de sucre dans le pays.
« L’Etat a besoin des partenaires privés qui sont forts pour redynamiser la SOSUMO. Un montant de 20 millions de dollars américains est attendu de nouveaux partenaires privés. Pour être éligibles à l’augmentation du capital de la SOSUMO, chaque nouveau partenaire, particulier ou société devra déposer trois millions de dollars américains sur un compte de la Banque de la République du Burundi (BRB) en guise de garantie », ont fait remarquer le ministre Niyokindi et le président de l’Assemblée nationale, M. Pascal Nyabenda. Le montant leur sera remis après avoir investi dans la société ces 20 millions de dollars requis.
La valeur actuelle nette du patrimoine de la SOSUMO est de 31 146 000 000 de FBu, soit 17 255 402 dollars américains. Les terrains cédés à la SOSUMO restent une propriété de l’Etat, donc exclus du patrimoine de la SOSUMO.
Plusieurs questions ont été posées par les députés à propos de cette « privatisation » de la SOSUMO. D’après beaucoup d’intervenants, avec des actions de l’Etat inférieurs à 50%, le gouvernement n’aura plus de pouvoir sur la société. Le ministre Niyokindi a indiqué que le gouvernement n’a pas la vocation de faire du commerce. Et qu’en qualité d’entreprise publique, la SOSUMO a été marquée par une mauvaise gestion. Le souci du gouvernement étant de promouvoir un mode de gestion qui permet d’avoir de bons résultats. La société n’a enregistré un bénéfice important qu’au cours de l’exercice dernier (12,9 milliards de FBu).
A titre illustratif de mauvaise gestion, la SOSUMO dispose aujourd’hui des pièces de rechange d’une valeur de huit milliards de francs burundais qui n’ont pas été utilisées depuis 10 ans et qui vont être transférées au ministère des Finances où le nouvel acquéreur pourra les acheter pour les utiliser. Un signe qui prouve que ces gestionnaires ont mis en avant les commissions qu’ils touchent en commandant ces pièces au lieu de se préoccuper de la bonne marche de l’usine.
Malgré la réduction de la part de l’Etat, le gouvernement garde un droit de regard sur la conduite de toutes les affaires de la société, notamment la fixation du prix de vente du sucre, a dit M. Niyokindi. Il a donné l’exemple de la BRARUDI (Brasserie et Limonaderie du Burundi) où l’Etat détient 42% des actions et garde un droit de regard et qui marche très bien.