BUJUMBURA, 14 juin (ABP) – Mme Agnès Ndirubusa (photo), chargée des questions politiques et de diplomatie au groupe de presse « Iwacu » a appelé mercredi les filles et les femmes journalistes burundaises à s’affirmer en tant que journalistes à part entière et à occuper leur place. Pendant un témoignage sur sa vie professionnelle livré au cours d’un  atelier d’échanges et de réflexions à l’intention des filles et femmes journalistes, sur leur rôle dans la promotion et la participation du leadership féminin au Burundi, organisé par l’Association des femmes journalistes (AFJO), en collaboration avec la Maison de la Presse du Burundi, Mme Ndirubusa leur a dit « qu’il ne faut pas demander aux hommes de vous accorder une place. La place est vaste. Il faut occuper la vôtre ».

Elle a déploré le fait que les femmes elles-mêmes se privent des opportunités en avalant des stéréotypes sexistes collés sur elles, comme quoi « la femme journaliste ne peut pas faire de papier politique ou analyser et décortiquer la politique. La femme est une petite chose fragile à protéger. Ecrire politique est très dangereux, donc ce n’est pas un domaine pour la femme. J’ai toujours été contre ces stéréotypes. On me demande des fois comment je peux écrire des histoires aussi difficiles, dans un contexte particulier et rester au pays. J’essaie de m’affirmer et de prendre ma place. Le travail que je fais m’ouvre des opportunités. Je couvre des conférences internationales et je participe dans des formations au niveau international. On ne peut pas s’en priver parce qu’on a peur. Les hommes aussi peuvent avoir peur. L’essentiel c’est d’y aller et de travailler comme il faut, prendre au sérieux le travail », a-t-elle dit avec confiance.

Selon Mme Ndirubusa, la rédaction française du journal Iwacu compte 14 journalistes et  deux seulement sont des femmes dont elle qui s’occupe de la politique et une autre chargée de la rubrique « société et culture ». « Je suis régulièrement chargée du papier principal du journal nommé dans la rubrique « évènement » (page 3 du journal) qui fait la Une. Le papier contient essentiellement des faits, des réactions et des analyses », a-t-elle expliqué.

Mme Francine Ndihokubwayo de la radio Isanganiro met elle aussi un accent sur l’affirmation de soi et se bat pour casser les stéréotypes dans son médium. « Dans les médias, il y a une tendance de dénigrer les femmes journalistes. Quand par exemple dans ma rédaction, on dit qu’une femme ne peut pas faire un tel reportage, je me bats pour le faire pour démontrer le contraire », a-t-elle affirmé. Des proches essaient aussi de me décourager, mais en vain. « Des fois, quand je suis sur terrain et que je signe un papier, on m’appelle sur mon téléphone portable pour me demander si réellement je suis dans cet endroit jugé dangereux. Et je leur réponds affirmativement. D’autres m’appellent pour savoir comment j’ai osé faire un reportage jugé très sensible. Je leur réplique que c’est mon devoir d’aborder un sujet pertinent et que l’important est de le traiter professionnellement. Ce sont plutôt leurs remarques qui me perturbent », raconte Mme Ndihokubwayo.

Mme Agathonique Barakukuza de l’Agence burundaise de presse (ABP) a indiqué que certains employeurs ont commencé à donner la valeur aux femmes. Un responsable d’un organe de presse lui a confié un jour que « si un homme et une femme obtiennent les mêmes points au test de recrutement, il choisirait une femme, parce que dans leur travail, les femmes vont au-delà des attentes ».

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