BUJUMBURA, 23 déc (ABP) – L’expert en genre et 2ème vice-gouverneur de la Banque de la République du Burundi, Mme Annonciata Sendazirasa (photo), appelle les femmes burundaises à retenir les quatre verbes pour arriver à leurs objectifs de participation publique.

Ces verbes qu’elle tient du guide de l’empowerment des femmes sont  avoir, savoir et savoir-faire, vouloir et pouvoir, a indiqué Mme Sendazirasa, au cours d’un café de presse organisé vendredi dernier à Bujumbura par la Plateforme femmes, paix et sécurité sur les défis qui empêchent les femmes d’aller au-delà de 30% dans les postes de prise de décisions. « Je demande aux femmes de retenir les quatre verbes pour arriver à leurs objectifs », a dit Mme Sendazirasa.

Selon elle, le verbe avoir fait référence au pouvoir économique, aux  bénéfices matériels comme un revenu, à la terre, aux outils ou technologies. Cependant, a-t-elle souligné, ce pouvoir économique n’est pas limité à la possession de ressources et richesses, mais il inclut également une  meilleure santé, le gain de temps et  l’accès à certains services comme l’accès au crédit, à l’information et à la formation.

Une femme qui a ses propres moyens subira moins ou pas du tout de violences conjugales, a souligné Mme Sendazirasa, signifiant qu’une femme qui a des moyens sera respectée par son mari. Et ainsi, celui-ci ne l’empêchera pas de se faire élire, et la société la respectera. L’argent pourra lui ouvrir les portes.

D’après elle, si la femme n’a rien, elle n’est rien dans la société. Mais si la femme de la colline peut donner quelque chose, elle est appréciée dans la communauté. Même si elle est seulement bien habillée, elle peut entrer sans rendez-vous dans un bureau d’une autorité, a précisé Mme Sendazirasa.

Le savoir renvoie aux connaissances ou compétences pratiques et intellectuelles renforcées qui permettent de profiter, de manière optimale, des opportunités qui se présentent à l’individu ou à la communauté. Cela permet également à acquérir des capacités d’analyses critiques de la pensée et du raisonnement. On ne peut pas prétendre à la fonction de directeur général quand on n’a qu’un diplôme A2 des humanités.

Le savoir-faire met en évidence l’importance de l’application des connaissances ou la capacité de traduire ses connaissances en action ou en ressources, a-t-elle expliqué. « Il y a des années, la femme burundaise n’allait pas à l’école. Elle était femme au foyer. La femme ne pouvait pas ainsi avoir une place dans le monde politique car il n’avait pas accès à l’école, à la formation, à l’alphabétisation.  Même si les femmes vont aujourd’hui, à l’école, le problème subsiste. Il y a encore des familles qui empêchent la fille d’aller à l’école ou de pousser loin ses études. On ne peut entrer dans les instances de prise de décision si on n’a pas de diplôme ou si on s’arrête au diplôme A2 ».

Pour celles qui ont fait des études universitaires, elles doivent elles-mêmes comprendre que le renforcement des capacités leur permettra d’aller en hauteur. Mais parfois, elles sont bloquées par leurs maris ou se bloquent elles-mêmes, notamment celles qui refusent par exemple d’aller en formations de courtes durées, soi-disant qu’elles ont des enfants en bas âges.

Le verbe vouloir (pouvoir intérieur) renvoie à la confiance en soi et l’image de soi, affirme Mme Sendazirasa. Une femme qui ne se fait pas confiance ne peut évoluer et ne peut avoir des ambitions pour monter dans les instances de prise de décisions. En même temps, la femme qui ne se fait pas confiance développe en général la jalousie à l’égard de celles qui se font confiance. Elle devient nuisible à plus d’un titre. Et c’est là le grand problème de nombreuses femmes, d’après Mme Sendazirasa.

Enfin, le verbe pouvoir renvoie à la possibilité de prendre des décisions, d’assumer sa responsabilité, d’être libre dans ses actes, d’avoir la possibilité d’influencer la prise de décisions et de contrôler ceux ou celles qui prennent les décisions en son nom, de commander (dans le sens où dans certaines situations, une personne doit trancher). L’expert en genre a déploré le fait que certaines femmes burundaises refusent de prendre des décisions alors qu’elles sont dans les postes de prise de décisions.

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