Le planning familial se heurte à certains obstacles, selon la directrice exécutive de l’ABUBEF

BUJUMBURA, 21 juil (ABP) – L’Association burundaise pour le bien-être familial (ABUBEF) assure la gratuité de ses services en matière de planification familiale, mais se heurte à certains obstacles liés entre autres à la culture burundaise, à la conviction religieuse ainsi qu’à l’entrée dans la vie procréative en âge précoce de certaines jeunes filles, a fait savoir à l’ABP la directrice exécutive de ladite association, Mme Donavine Uwimana (photo).

La culture, a-t-elle affirmé, est un obstacle important dans ce sens que l’entourage proche d’un couple fait pression sur lui pour que la femme continue à mettre au monde, pour tenter d’avoir un garçon quand les enfants qui précèdent sont des filles. La religion agit aussi en obstacle car certains responsables religieux déconseillent à leurs fidèles d’adhérer aux méthodes contraceptives, arguant que ce serait un acte criminel, a-t-elle expliqué, ajoutant que d’autres prêchent l’abstinence sexuelle. Quant à la vie procréative précoce, Mme Uwimana a affirmé que la jeunesse actuelle commence à mener une vie sexuelle à l’âge très jeune. Des filles de 14 ou 15 ans ont déjà mis au monde, a-t-elle déploré.

Pour elle, le slogan de « Mettre au monde des enfants dont nous sommes capables de prendre en charge est peu productif. Il faut que les couples se limitent en terme de naissances pour se prévenir contre d’éventuelles difficultés liées aux dépenses familiales qui s’imposent ». Elle a ajouté aussi que le facteur temps est à considérer parce que, a-t-elle dit, certaines femmes pensent à limiter les naissances au moment où elles ont déjà eu beaucoup d’enfants, ce qui ne sert pas à grand-chose.

Donavine Uwimana

Bien que la mesure de gratuité des soins des femmes enceintes et qui accouchent est bonne en soi, elle devrait être accompagnée par d’autres initiatives comme l’explication à la population du bien-fondé de la planification familiale, car avoir un enfant implique d’autres responsabilités, celles de subvenir à ses besoins, d’où l’importance de la limitation des naissances, a-t-elle ajouté. Pour ceux qui disent que les méthodes contraceptives entraineraient des effets néfastes, Mme Uwimana a affirmé que ce sont des rumeurs que certaines gens mal informés propagent.

« Avant que ces produits ne soient mis au marché, il y a un contrôle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en collaboration avec les scientifiques œuvrant dans ce domaine pour se rassurer qu’ils ne sont pas nocifs sur la santé du consommateur. Aussi quand ces produits arrivent au Burundi, ils sont minutieusement examinés pour s’assurer de leur efficacité », a rassuré Mme Uwimana.

A la question de savoir ce qu’il faudrait faire pour inverser la courbe devant la montée de la fécondité au Burundi, Mme Uwimana propose que les responsables administratifs servent de modèles, parce que la population a souvent tendance à suivre le comportement de ses supérieurs. En outre, elle demande que la stratégie de la sensibilisation soit privilégiée pour que l’obstacle de l’ignorance soit brisé.

Elle a précisé que l’ABUBEF a débuté ses prestations depuis 1991. Elle offre et dessert actuellement neuf provinces à savoir : Bujumbura-Mairie, Bujumbura, Ngozi, Muyinga, Kirundo, Rumonge, Gitega, Ruyigi, Kayanza.

A part la planification familiale, les centres de prestations de l’ABUBEF offrent d’autres services comme la consultation prénatale, la maternité, consultation post natale, la vaccination des nourrissons, la vaccination des femmes en âge de procréer et les filles de 15 ans et plus, la contraception d’urgence, les conseils et dépistage volontaire du VIH/Sida, la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida, la prévention de la transmission du VIH/Sida de la mère à l’enfant, le dépistage et le traitement des infections sexuellement transmissibles, les conseils et la prise en charge de l’infécondité, les soins post avortement, la prise en charge des survivants des violences sexuelles, les consultations médicales, les conseils et services aux jeunes, le laboratoire d’analyses médicales et l’échographie, a précisé Mme Uwimana.

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