BUJUMBURA, 23 jan (ABP) – La commission sociale, genre, rapatriement, égalité des chances et lutte contre le Sida de l’Assemblée nationale du Burundi a rendu public mardi 22 janvier 2018 à Bujumbura, un rapport qu’elle a produit sur le fonctionnement de la Mutuelle de la fonction publique (MFP). Ledit rapport, précise-t-on, a été présenté en séance plénière et en présence du ministre des Droits de la personne humaine, des Affaires sociales et du Genre, M. Martin Nivyabandi (photo : 1er plan).

Selon le député Alfred Banyikwa, président de cette commission, les descentes ont été effectuées dans la ville de Bujumbura et à l’intérieur du pays, en dates du 15, 16 et 17 novembre 2018. Durant ces descentes a-t-il précisé, la commission a rencontré au moins cinq catégories de personnes, notamment les affiliés de MFP, les représentants de cette dernière dans les provinces, les responsables des hôpitaux privés et les employés de la MFP. Les responsables des maisons pharmaceutiques qui collaborent avec la MFP et le directeur général de cette dernière ont également été rencontrés.

Les affiliés de la MFP ont affirmé qu’ils éprouvent beaucoup de difficultés pendant le circuit du patient, notamment l’accès pénible aux bons de soins et l’inhospitalité des services d’accueil. Les affiliés sont des fois obligés de descendre à Bujumbura, à cause de l’indisponibilité, à l’intérieur du pays, de certains services ou médicaments, surtout les spécialités, etc. A cela s’ajoutent, précise ce rapport, les 80 % pour les génériques et les 70% pour les spécialités, normalement pris en charge par la MFP pour son affilié, mais qui ne sont plus respectés, avec l’exigence d’autres frais supplémentaires par les pharmacies privées qui collaborent avec la MFP.

Les représentants de la MFP dans les provinces et les responsables au plus haut niveau se sont, eux aussi, exprimé et ciblé quelques défis, à savoir l’irrégularité qui caractérise l’approvisionnement des médicaments (réquisition) qui engendre la rupture de stock. Il y a également la perte due à certaines sociétés d’assurances qui refusent de payer les factures de la MFP, la perte énorme liée à la prise en charge des pensionnés ayant des maladies chroniques, ce qui demande beaucoup de moyens, et certains cas de tricheries où des affiliés prennent en charge des enfants qui ne sont pas les leurs ou des maris qui prennent en charge la deuxième femme, etc.

La Direction générale de la MFP à quant à elle confié à la commission qu’elle est confrontée à de nombreux défis qui l’empêchent de satisfaire ses clients. Certains de ces derniers sont par exemple le code des marchés publics ne facilitant pas la MFP dans l’achat des médicaments, le non accès aux industries qui fabriquent ces médicaments comme c’était ainsi avant, l’octroi des marchés qui prend une longue période tardant ainsi les livraisons. Il y a également le monopole des sociétés ALCHEM et MULTIPHAR qui sont à la fois des grossistes et détaillants, etc.

Alfred Banyikwa

Après cette descente, la commission a répertorié un questionnaire à adresser au ministre des Droits de la personne humaine, des Affaires sociales et du Genre, M. Martin Nivyabandi, pour éclairer les esprits. Certaines questions concernent entre autres le langage contradictoire entre la MFP et les pharmacies privées à propos des prix réels des médicaments, pourquoi la MFP ne prend pas en charge les opérations cardiaques et les examens au scanner. La commission a également voulu savoir pourquoi les employés de la MFP qui vendent des médicaments ne travaillent pas les weekends, les jours fériés et n’assurent pas des gardes comme les médecins et comment se fait-il que les sociétés MULTIPHAR et ALCHEM soient en même temps des grossistes et détaillants et monopolisent le marché, etc.

A ce questionnaire de la commission se sont ajoutées des questions d’autres parlementaires qui étaient dans la salle. Ces derniers ont voulu savoir pourquoi les pharmacies des sociétés MULTIPHAR et ALCHEM ne manquent jamais de médicaments, alors que celles de la MFP sont souvent vides, les services d’accueil de la MFP qui ne sont pas du tout rassurants, ce qui aggrave la maladie chez le patient. Ils ont également proposé que les commandes de médicaments de la MFP soient confiées à la CAMEBU (Centrale d’achat des médicaments du Burundi).

Le ministre Nivyabandi reconnait lui aussi que la MFP fait actuellement face à de nombreux défis. Cependant, il indique que chacun en ce qui le concerne doit apporter sa pierre angulaire à l’édifice. A propos des services d’accueil qui ne sont pas hospitaliers, il fait savoir qu’ils sont en train d’être formés sur l’attitude à prendre devant un patient. A part ces formations, a-t-il ajouté, il y a d’autres mesures administratives qui ont été prises et qui vont améliorer la situation. Il a en outre précisé qu’au niveau du ministère de tutelle, il y a eu la mise en place d’une cellule chargée uniquement d’accueillir les doléances des affiliés à la MFP.

A propos des sociétés MULTIPHAR et ALCHEM qui monopolisent le marché du médicament, le ministre Nivyabandi tranquillise, tout en précisant que c’est bientôt la CAMEBU qui va prendre la relève. A ce niveau, il lance un appel vibrant aux investisseurs burundais pour se lancer dans ce secteur, afin de lever ce monopole.

Concernant le langage contradictoire entre les pharmacies privées et la MFP sur les prix réels de certains médicaments, M. Nivyabandi affirme qu’en matière de commerce, chaque individu et surtout privé, cherche toujours à gagner beaucoup alors qu’il a peu dépensé. Le rôle de l’Etat étant de toujours suivre de près ces pharmacies privées, ce qui demande des moyens et des experts en la matière, a-t-il dit.

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