La gestion de la mémoire est d’une importance cruciale et incontournable si le Burundi veut casser la spirale des violences induites par les mémoires blessées

BUJUMBURA, 22 fév (ABP) – L’association Initiatives et changement Burundi- Tugenderubuntu a organisé mercredi le 21 février 2018 à Bujumbura, en partenariat avec la Commission Vérité et Réconciliation (CVR), un atelier de deux jours à l’intention des acteurs et responsables des partis politiques ainsi que des journalistes, sur le thème : « De l’importance de la gestion des mémoires : choisir de bâtir une mémoire stratégique pour la réconciliation ».
Frère Emmanuel Ntakarutimana (photo) a, dans son exposé, indiqué que ledit atelier se situe dans un cadre d’autres ateliers qui sont en cours depuis l’année passée où progressivement on a pris conscience de l’importance de la question et de la gestion de la mémoire. Pour lui, si l’on veut s’ouvrir aux mécanismes de justice transitionnelle, il est très important de revisiter la question de la mémoire et de la gestion de celle-ci en fonction des blessures historiques que les uns et les autres peuvent avoir accumulées suite aux violences du passée, suite aux crimes, et aux  violations massives des droits de l’homme qui ont marqué le pays à différentes étapes de façon massive et souvent de façon répétitive.
Frère Ntakarutimana a rappelé que depuis l’année passée, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) a déjà organisé cinq ateliers sur cette thématique et ces derniers ont pu mettre ensemble différentes catégories socioprofessionnelles, notamment des acteurs politiques et des responsables des partis politiques et formations politiques, des représentants de l’univers des médias, des hauts cadres du commandement de la Force de défense nationale (FDN), de la Police nationale du Burundi (PNB) et du Service national de renseignements (SNR). Le plus récent de ces ateliers a pu donner lieu à des échanges conjoints entre les responsables politiques et des représentants des commandements des corps de défense et de sécurité, a-t-il ajouté.
D’après M. Ntakarutimana, tous ces ateliers ont montré combien cette thématique de la gestion de la mémoire est d’une importance cruciale et incontournable si le Burundi veut casser avec la spirale des violences induites par des mémoires blessées.
Il a fait savoir qu’au cours de cet atelier, il sera question de traiter trois thèmes. Dans un 1er lieu, a-t-il dit, « par amour à ce pays, nous devons choisir de bâtir une mémoire stratégique pour la réconciliation, ce qui demande un gros travail sur nous-mêmes, chacun en ce qui le concerne et nous tous ensemble », a-t-il souligné.
D’autre part, M. Ntakarutimana a indiqué que les participants auront à revenir sur l’épaisseur de l’histoire du Burundi comme peuple burundais, une histoire qui, selon lui, a une forte charge identitaire marquée par des violences massives et massacres, cela de façon cyclique et répétitive. « Ceci a inévitablement développé des blessures et des traumatismes dont nous devons prendre en compte en développant un mécanisme de guérison progressive », a-t-il déclaré.
En dernier moment, a-t-il ajouté, il sera question de parler de la mémoire comme un acte politique de grande importance. Pour Frère Ntakarutimana, la question de la mémoire est une question cruciale. Toute communauté humaine fonctionne sur la capitalisation des différents événements qui jalonnent son itinéraire historique et qui sont progressivement constitués en archives culturels a-t-il déclaré, ajoutant que savoir gérer la mémoire avec sagesse marque la grandeur des hommes d’Etat.
C’est par amour et par passion pour ce pays que les Burundais doivent faire en sorte que ce qui s’est passé ne se répète plus, a déclaré M. Ntakarutimana.

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