La consommation excessive d’alcool constitue un frein au développement, selon un alcoologue

BUJUMBURA, 28 juil (ABP) – Au Burundi, la consommation excessive d’alcool revêt un caractère culturel et c’est un comportement qu’il faut à tout prix éradiquer. Ce sont les propos du Dr Léonard Bivahagumye qui s’exprimait à l’occasion d’un atelier média organisé vendredi 24 juillet 2020 à Bujumbura, par l’Association des guides du Burundi (AGB) en collaboration avec celle des scouts sous le thème ” Les méfaits de l’alcool sur l’organisme et leur incidence dans la propagation du covid-19″.

La consommation excessive d’alcool reste un problème de santé public aussi bien au Burundi qu’au monde entier et la maladie à covid-19 et une pandémie qui va être transitoire, a-t-il fait remarquer.

Ensuite, a-t-il renchéri, la consommation excessive d’alcool peut induire des dommages corporels en particulier la baisse de l’immunité des consommateurs tout en précisant qu’à cet effet les patients ayant d’autres maladies ou une baisse de l’immunité qui sont infectées par le covid-19, sont plus susceptibles de développer des formes graves, raison pour laquelle les deux thèmes « coronavirus et la consommation d’alcool » ont été traités concomitamment.

Il faudrait autant que faire se peut, dans un contexte de pandémie, éviter de consommer toutes substances ou d’adopter toute conduite qui pourrait rendre l’individu plus vulnérable, la consommation excessive d’alcool étant l’un des facteurs, a-t-il estimé.  

La consommation d’alcool est, d’une part, une attitude qui  peut conduire à la dépendance alcoolique, c’est-à-dire que l’individu qui consomme l’alcool de façon normale peut se retrouver dans la dépendance (alcoolo-dépendance), qui est la perte de la liberté de s’abstenir de boire, une conséquence commune à la consommation d’alcool  et d’autres  substances   psychoactives, y compris les drogues. « D’autre part, la consommation d’alcool peut entraîner les dommages corporels,  c’est-à-dire des maladies diverses sur pratiquement tous les organes (le foie, le cœur vigile entraîner des cancers, les intestins) », a-t-il prévenu. 

Cet alcoologue a également précisé qu’à part ces effets directs existent d’autres qui se manifestent notamment au niveau de la famille restreinte et élargie de l’alcoolodépendant, ce qui va entraîner des répercussions sur la vie professionnelle mais aussi et surtout entraîner un frein au développement, a-t-il déploré.

Selon toujours le Dr Bivahagumye, il est déconseillé de consommer de l’alcool. En cas de force majeur, sa consommation doit  être faite de manière responsable sans  dépasser le seuil de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il précise qu’il faudrait formellement interdire aux moins de 18 ans de consommer de l’alcool. Si cela n’est pas fait, cette situation pourra en quelque sorte entraîner, à long terme, une dépendance alcoolique plus rapide chez cette catégorie de personnes que chez les individus qui consomment l’alcool à l’âge adulte, a-t-il expliqué.

            Le Dr Bivahagumye admet qu’il y a déjà un changement de comportement qui s’installe de plus en plus dans la société burundaise, ce qui est selon lui, un pas à saluer. « Je dois avouer que si vous regardez autour de vous, il existe déjà un changement de comportement. Actuellement à Bujumbura pour les événements sociaux tels que les levées de deuils, les gens ne consomment plus d’alcool. Ils ne prennent que des limonades et de l’eau, ce qui n’était pas du tout le cas il y a quelques dizaines d’années. », a-t-il explicité.

Ainsi, l’alcoologue estime que le chemin à parcourir reste toujours long et que le combat n’est pas du tout individuel mais collectif. « Cependant il y a toujours une tâche requise qui est assignée naturellement aux décideurs politiques mais nous sommes tous appelés à contribuer à ce changement positif de comportement pour que les gens consomment moins d’alcool et qu’idéalement les gens ne consomment pas les boissons alcoolisées étant donné les dommages qu’elles causent. »  

Il a en outre précisé, que tous les individus ne sont pas égaux devant l’alcool et qu’il existe des normes qui ont été fixés par l’OMS selon lesquelles un homme adulte ne devrait pas consommer plus de 3 verres standards par occasion de boire et une femme adulte ne devrait pas consommer plus de deux verres standards par occasion de boire (un verre standard contient 10g d’alcool pur). 

S’agissant des enceintes, Dr Bivahagumye précise qu’il doit être strictement interdit de consommer la moindre quantité d’alcool dans la mesure où les boissons alcoolisées passent par la barrière foetoplacentaire et vont directement dans le sang du fœtus. En conséquence, poursuit-il, le risque que l’enfant naissent  avec des malformations est important. La consommation d’alcool chez la femme enceinte entraîne un syndrome d’alcoolisation fœtal qui associe des malformations crânio-faciales et des troubles d’acquisition psychomotrice, a-t-il prévenu.  La situation se présente de cette manière alors que le  rapport de l’OMS, publié en 2018 précise que l’abus d’alcool a entraîné en 2016 plus de trois millions de décès, soit un décès sur 20. Plus des trois quarts de ces décès concernaient des hommes. L’abus d’alcool représente plus de 5 % de la charge de morbidité au niveau mondial. Selon toujours ce rapport, les enquêtes en milieu scolaire indiquent que, dans de nombreux pays, la consommation d’alcool commence avant l’âge de 15 ans, et l’écart entre les garçons et les filles est très faible.

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