Evaluation de l’état d’exhumation des fosses communes de la Ruvubu à Karusi

BUJUMBURA, 4 mars (ABP) – Le président de la Commission vérité et réconciliation (CVR), M. Pierre-Claver Ndayicariye (photo : à gauche), a animé mardi le 3 mars, à Bujumbura, une conférence de presse pour évaluer l’état d’exhumation des restes humains trouvés dans des fosses communes de la Ruvubu en commune Shombo de la province Karusi (centre-est du Burundi), a-t-on constaté.

Dans son mot luminaire, le président de la CVR a fait savoir que le bilan total des victimes de la crise de mai, juin et juillet 1972 excavées à ce jour est de 7.348 personnes tirées des huit fosses communes trouvées sur le site de la Ruvubu. Il a signalé qu’il y avait aussi des restes humains qui sont devenus totalement broyés, ou des victimes qui ont été jetées dans la rivière Ruvubu que la CVR n’arrivera jamais à récupérer.

               En effet, la CVR a retiré de ces fosses communes non seulement des ossements, mais aussi des habits aux couleurs et aux qualités variées. Les couleurs dominantes sont le bleu, le vert et le rouge, surtout des tricots pour  femmes. Bien que passés 48 ans sous la terre, certains de ces habits sont encore intacts et solides, au moment où d’autres présentent des tâches qui prouvent que les victimes ont saigné avant d’être jetées dans les fosses communes, a poursuivi M. Ndayicariye.

               Par ailleurs, a-t-il ajouté, la CVR a mis en place une cellule d’assistance psychologique pour les visiteurs de ce chantier. La Commission a jugé utile de procéder ainsi car elle était consciente qu’il pouvait y avoir des cas de traumatisme à la suite des images vues de la Ruvubu et de ces fosses communes, qui sont dures à supporter pour les âmes sensibles.

               Sur les 18 fosses communes renseignées par la population, le président de la CVR a fait savoir qu’il a été extrêmement difficile pour la commission d’exhumer les 10 autres du site de la Ruvubu pour deux raisons. D’abord, il y a des fosses communes qui ont été totalement couvertes par une montagne de terre déposée lors de la construction de la RN12 (Gitega-Karusi-Muyinga) par la compagnie SOGEA-SATOM. Ensuite, il existe d’autres fosses communes difficiles à excaver parce qu’elles sont situées dans un endroit marécageux.

               Pour accomplir sa tâche, la CVR a engagé une quarantaine de travailleurs, hommes et femmes, qui ont manifesté leur bravoure au travail, a dit M. Ndayicariye, ajoutant que la Commission a écouté le maximum de témoins tout en diversifiant les sources, en faisant des enquêtes et des investigations, etc. Comme la CVR vise la qualité de l’information collectée, l’écoute des témoins est un travail d’une patience presque sacerdotale, a-t-il poursuivi.

               Dans le cadre d’accompagner le travail de la CVR et de connaître la vérité sur les fosses communes de la Ruvubu, des personnalités du pays dont les sénateurs, l’ombudsman du Burundi, le gouverneur de la province Karusi, etc., ainsi  que d’autres citoyens tels les religieux, les élèves, les témoins, etc., ont rendu visite à ce site de la Ruvubu.

               Lors de la visite des sénateurs au site de Ruvubu, le président du Sénat, M. Révérien Ndikuriyo, a affirmé que son institution soutient entièrement les activités de la CVR. Il a demandé au gouvernement de mettre à la disposition de la Commission des moyens nécessaires pour mieux accomplir son travail de mettre au clair la vérité sur tous les malheurs qui ont endeuillé le Burundi.

               A la question de savoir quand procèdera-t-on à l’inhumation de ces restes humains avec dignité, le président de la CVR a fait savoir que c’est un processus qui exige un dialogue participatif, signalant que la CVR dispose plus de 4000 fosses communes déjà signalées à travers le pays, avec plus de 80.000 témoins. Ce qui montre que la CVR continue son travail d’exhumation des restes humains qui se trouvent dans des fosses communes.  Selon M. Ndayicariye, huit autres fosses communes ont été découvertes en communes Giheta et Gitega de la province Gitega (centre). Le travail d’exhumation des restes humains va continuer à partir du jeudi 5 courant sur les fosses communes de Mashitsi en commune Giheta, a-t-il ajouté. 

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