BUJUMBURA, 3 avr (ABP) – L’expert sénégalais de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Dr Bacary Sambou (photo) a, lors d’un atelier de présentation des résultats de la revue des performances du Programme national intégré de lutte contre le paludisme PNILP (2013-2017) organisé vendredi le 30 mars à l’Hôtel Royal Palace, proposé une nouvelle orientation stratégique pour lutter efficacement contre le paludisme.

Après l’évaluation de la mise en œuvre des activités du PNILP, les résultats recueillis reflètent que le paludisme constitue toujours un problème de santé au Burundi, malgré les efforts fournis par le gouvernement et ses partenaires en mettant en place le PNILP. Il a été constaté une tendance de persistance du paludisme et, conséquemment, la morbidité et la mortalité palustre constituent un lourd fardeau socio-économique pour les ménages et pour le pays suite aux dépenses directes et indirectes liées aux consultations et aux hospitalisations, aux déplacements des malades et des garde-malades, à l’absentéisme au travail, à l’alimentation, aux funérailles et d’autres.

Selon Dr Sambou, la persistance du paludisme au Burundi est causée par différents défis auxquels s’est heurté le PNILP. Il s’agit du long processus pour l’acquisition des intrants sur le financement du budget de l’Etat, de la faible fonctionnalité du processus d’enregistrement des produits de santé et du contrôle à l’importation du secteur privé, du contrôle de qualité en poste de marketing non réalisé, de la pharmacovigilance toujours au stade embryonnaire, ainsi que de la faiblesse dans la coordination des acteurs. A cette liste, Dr Sambou ajoute le non-développement du plan pour la mise en œuvre des interventions à base communautaire, et la non-réalisation des activités de promotion et de suivi communautaire de l’utilisation des moustiquaires imprégnées distribuées.

Quant à la lutte anti vectorielle, Dr Sambou indique que malgré le taux de couverture en MIILDA de 91-93% dans les districts à risque épidémique qui sont Cankuzo, Muyinga, Buye, Gashoho, Buhiga, Nyabikere, Murore, Gihofi et Rutana, ainsi que l’actualisation de la cartographie de distribution, les défis y relatifs saillants se remarquent. Il s’agit du manque d’évaluation des impacts de la stratégie et de l’acceptabilité des mesures par la population bénéficiaire, et le manque de gestion de la résistance croissante des vecteurs à plusieurs familles d’insecticides.

S’agissant du suivi-évaluation, l’expert Sambou mentionne l’absence d’un médecin épidémiologiste et d’un gestionnaire de données, la limitation dans le système d’information géographique, l’absence du manuel des procédures de surveillance et de suivi-évaluation et d’autres comme étant des défis favorisant la persistance du paludisme. A cela s’ajoute l’absence du système de prévision et de prévention, le retard de la prise de décisions et d’actions, l’absence du plan global de gestion des épidémies, ainsi que la faible prise en compte des épidémies dans le budget des différentes subventions.

A tous ces défis, Dr Sambou donne cinq axes stratégiques pour lutter efficacement contre le paludisme au Burundi. Il insiste sur l’implication de l’Etat dans la lutte contre le paludisme surtout par l’accroissement du financement, le renforcement du processus de contrôle à l’importation des produits de santé, ainsi que la mise en œuvre des directives nationales en matière d’assurance-qualité des médicaments. Pour l’axe portant sur la prévention, Dr Sambou propose l’intensification et l’élargissement de la prévention du paludisme en impliquant d’autres ministères. Pour le volet prise en charge, il suggère la disponibilisation des intrants, l’implication du secteur privé et les interventions à base communautaire, sans toutefois oublier la chimio-prévention orientée par la recherche opérationnelle.

Avant de proposer le renforcement du système national de surveillance, de suivi-évaluation, d’un dispositif de recherche opérationnelle de qualité et la préparation des réponses immédiates aux épidémies et autres situations d’urgence, Dr Sambou évoque le renforcement de la communication des acteurs et des bénéficiaires afin de changer de comportement. Il conclue en rappelant de mettre à jour la stratification du pays, étant donné que l’ancienne date de 1998.

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