Commémoration du 25ème anniversaire des massacres perpétrés contre les étudiants de l’Université du Burundi

BUJUMBURA, 11 juil (ABP) – L’Université du Burundi, en collaboration avec l’association Zirikana UB-95 a organisé, ce jeudi le 9 juillet 2020, dans les enceintes de ladite Université, une conférence-débat sous deux thèmes : «  Les huit étapes vers le génocide » et « Comment guérir d’un traumatisme psychique ».

C’était à l’occasion de la commémoration des massacres commis contre les étudiants de l’Université du Burundi en date du 11 juin 1995. La commémoration de cette année n’a eu lieu cette date suite aux moments de dures épreuves qu’a connues le pays au mois de juin dernier, a appris l’ABP sur place. 

Aloys Batungwanayo (à gauche) et Anicet Niyonkuru (à droite)

Après l’observation d’un moment de silence d’une minute en mémoire de tous les innocents qui ont perdu leurs vies, M. Aloys Batungwanayo (photo : à gauche), doctorant en Sciences Politiques, a fait un exposé sur les étapes vers le génocide.

 Il a fait savoir qu’il existe différentes étapes qui conduisent au génocide à savoir la classification, la symbolisation, la discrimination, la déshumanisation, l’organisation, la polarisation, la préparation, la persécution, l’extermination et le déni.

            S’agissant de la classification, il a expliqué qu’on reconnait ce phénomène par la mise en groupes des gens pour marquer la différence sociale entre les composantes de la société.

Selon toujours lui, la symbolisation se manifeste par la différenciation des gens sur base des différentes caractéristiques corps ou d’habillement. Il a ajouté que la discrimination s’est concrétisée par l’exclusion de l’ethnie Hutu dans l’administration depuis 1926 par l’administration coloniale. La déshumanisation s’est manifestée durant les massacres interethniques par la comparaison des uns et des autres aux animaux ou aux insectes, a-t-il fait remarquer avant d’ajouter que le génocide est souvent organisé par l’Etat via des milices pour l’exécution de cet acte ignoble.

            Concernant le deuxième thème présenté par le communicateur-sociologue, M. Anicet Niyonkuru (photo : à droite), il a été constaté que le traumatisme est une réalité au Burundi. Il a défini le concept de traumatisme comme étant un état de trouble psychologique résultant d’évènements vécus comme potentiellement traumatisants, tout en signalant que la maltraitance est souvent à l’origine du traumatisme.

Vue partielle des participants à la conférence débat

            Il a aussi précisé que des séquelles peuvent s’en suivre dont les séquelles graves se manifestant par l’Accident vasculaire cérébral (AVC), maladies des nerfs, etc., ou des séquelles légères se manifestant par des diarrhées, ou des vomissements.

            Pour guérir de ce traumatisme, M. Niyonkuru a proposé le traitement des causes ultimes tout en consultant un psychothérapeute expérimenté.

Au cas contraire, a-t-il ajouté, on ne fera que traiter les effets, ce qui fait que la maladie persiste. Il a pu  dégager différents types de traitement à savoir le traitement individuel et le traitement en groupe.

            S’agissant du traitement individuel, il a précisé que l’individu doit prendre conscience de la maladie. Ensuite, il doit exprimer son malaise à une personne de confiance. S’il cache sa maladie, cette dernière va se développer et détruit à petit feu la personne en question, a-il-souligné.

Quant au traitement en groupe, M. Niyonkuru a fait savoir que la technique consiste à partager l’expérience douloureuse. C’est une séance où le traumatisé parle de ses difficultés en présence d’autres personnes qui ont connu les mêmes événements afin de ne pas se sentir comme l’unique victime, a-t-il ajouté.

            Au sujet de qualifier de génocide, les massacres commis contre les étudiants de l’Université du Burundi, M. Batungwanayo a répondu que c’est un processus qui demande du temps pour qualifier un événement de génocide. « On doit tenir compte des critères historique et juridique », a-t-il précisé.

            Les participants à cette conférence-débat ont proposé qu’il y ait la multiplication des conférences pareilles pour que d’autres étudiants soient au courant de ce qui s’est passé et en tirent une leçon. Ils ont également proposé l’extension du programme à d’autres universités.             Pour aider à éradiquer la haine liée à l’ethnisme, les participants ont proposé la voie de sotie par la présentation des pièces théâtrales qui s’inscrivent dans le cadre de sensibiliser le grand public à la non-violence ou la non-agression sur fond du concept d’ethnie qui était une invention coloniale, afin de diviser les Burundais pour régner, ont-ils ajouté. 

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